Les entreprises sud-africaines sont, consciemment ou non, impliquées dans le blanchiment d’argent à hauteur de 3,5 milliards de dollars (64 milliards de rands) par an, a révélé mardi un cabinet d’experts financiers.
L’Afrique du Sud a été inscrite en février 2023 sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), en raison de problèmes liés à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
«Le blanchiment d’argent, bien que souvent perçu comme un délit sans victime, est intrinsèquement lié aux activités criminelles qui mettent en danger non seulement l’économie, mais aussi la vie des citoyens et la faune de l’Afrique du Sud», a déclaré Hawken McEwan, directeur des risques et de la conformité chez DocFox.
Il explique que la hausse des taux de criminalité en Afrique du Sud s’accompagne d’une urgence accrue pour les criminels de «nettoyer» leurs gains mal acquis.
Les statistiques récentes sur la criminalité en Afrique du Sud dressent un tableau sombre. Les cas d’enlèvement ont grimpé de 183 % en neuf ans, avec 10 826 cas enregistrés en 2023. Les crimes liés à la drogue et la possession illégale d’armes à feu ont bondi de plus de 15 %, tandis que les vols de fonds en transit et les détournements de camions continuent de sévir dans les communautés.
Selon McEwan, il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais d’un rappel brutal de la criminalité sous-jacente qui menace la société sud-africaine, notant que les criminels n’utilisent pas seulement les banques pour blanchir de l’argent, mais exploitent aussi les entreprises, en particulier celles des secteurs à haut risque, comme les prestataires de services financiers, les agents immobiliers et les avocats.
Il explique que les auteurs de ces délits utilisent souvent le statut professionnel de certains secteurs pour faire paraître légitimes leurs transactions commerciales, financières ou immobilières illicites. L’ampleur et la sophistication du blanchiment d’argent en Afrique du Sud sont stupéfiantes, a déclaré l’expert financier, arguant qu’il ne s’agit pas seulement d’argent d’origine criminelle, mais aussi d’un cancer qui ronge l’économie, qui fausse les marchés, finance les organisations criminelles et porte atteinte aux entreprises légitimes.
Et d’ajouter que la lutte contre le blanchiment d’argent n’est pas seulement la responsabilité des forces de l’ordre ou des institutions financières, mais relève aussi d’un effort collectif.
L’Afrique du Sud a été inscrite en février 2023 sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), en raison de problèmes liés à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.