Les afro-députés, réunis à Johannesburg dans le cadre de la 3ème session ordinaire de la 6ème législature du Parlement panafricain (PAP), ont planché jeudi sur le thème «Éduquer un Africain adapté au 21e siècle : Construire des systèmes éducatifs résilients pour un accès accru à des services inclusifs en Afrique».
Initié par le PAP, en collaboration avec des agences de l’Union africaine , des organisations partenaires et des institutions universitaires, l’événement a rassemblé un large éventail d’experts et de parties prenantes pour répondre au besoin urgent d’une réforme de l’éducation à travers le continent.
Des présentations ont été faites par des représentants de la Commission de l’Union africaine pour l’éducation, la science, la technologie et l’innovation (ESTI), des experts en droit à l’éducation, des universitaires, des centres de recherches et l’Envoyé spécial de l’Union africaine pour la jeunesse.
Plusieurs questions cruciales ont ainsi été mises en évidence, ce qui a conduit à la formulation de recommandations globales visant à transformer le système éducatif africain. L’une des principales préoccupations était la mise en œuvre et la sensibilisation insuffisantes de la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique 2016-2025, des cibles de l’Agenda 2063 de l’UA liées à l’éducation et de l’Objectif de développement durable n° 4.
Les participants ont exhorté les Parlements membres et les présidents de Parlements à organiser des forums pour discuter de ces stratégies et à participer à l’évaluation de la stratégie actuelle en vue d’élaborer un plan successif après 2025.
L’insuffisance des budgets nationaux alloués à l’éducation, à la science, à la technologie et à l’innovation était une préoccupation majeure. La privatisation de l’éducation est apparue à la fois comme une opportunité et un problème. Même si l’enseignement privé peut offrir des environnements d’apprentissage de haute qualité et des méthodes d’enseignement innovantes, les parlementaires ont noté avec inquiétude la stratification croissante des classes et la marginalisation qu’il provoque au sein des communautés.
Les écoles privées s’adressent souvent à ceux qui peuvent se permettre des frais de scolarité élevés et sont situées dans des zones urbaines, excluant ainsi une grande partie de la population et creusant les disparités socio-économiques, relève-t-on.
Pour résoudre ces problèmes, les participants ont plaidé pour l’allocation d’au moins 1 % du PIB au financement des secteurs de l’éducation, de la science, de la technologie et de l’innovation. Ils ont souligné la nécessité d’un financement adéquat pour soutenir des programmes complets de formation des enseignants, améliorer les infrastructures éducatives et acquérir des ressources d’apprentissage essentielles.
Plusieurs recommandations ont ainsi été faites, notamment, l’opérationnalisation du Fonds africain pour l’innovation dans l’éducation, la science et la technologie en tant que mécanisme de financement mixte pour l’éducation en Afrique, l’élaboration de cadres politiques continentaux sur le développement des enseignants, l’évaluation des apprentissages et l’enseignement supérieur et l’adoption de cadres politiques et législatifs pour faciliter l’éducation et la formation basées sur les compétences.
Les participants ont également préconisé le placement de l’équité au cœur de la politique éducative pour garantir que tous les enfants et jeunes du continent aient accès à une éducation de qualité, le soutien des politiques favorisant une forte coopération intra-africaine et un réseautage entre les parlementaires, les décideurs politiques, les scientifiques, les journalistes et le secteur privé, outre le soutien de l’action législative pour une entreprise de recherche dynamique et durable, capable de traduire les découvertes scientifiques en produits, services et processus nécessaires au développement socio-économique.
Le Parlement panafricain est une Assemblée consultative de l’Union africaine qui regroupe les députés des pays membres de l’Union africaine. Il a été créé en vertu de l’article 5 de l’Acte constitutif de l’UA et installé officiellement dans ses fonctions le 18 mars 2004.
Chaque État membre est représenté au sein du PAP par cinq parlementaires issus de la majorité et l’opposition, dont au moins une femme, élus ou désignés par leurs parlements ou organes législatifs nationaux.