L’analyste politique sud-africain Moeletsi Mbeki, frère de l’ancien Président Thabo Mbeki, a accusé les élites politiques dirigeantes d’Afrique du Sud d’être à l’origine de la crise économique du pays, en bradant les fonds publics, tout en exhortant le secteur privé à s’impliquer dans la recherche d’une solution.
S’exprimant lors d’un forum de l’Institut Xubera pour la recherche et le développement près de Durban, M. Mbeki a mis l’accent sur les raisons d’une crise illustrée par une économie boiteuse avec seulement 0,1% de croissance au cours du premier trimestre 2025 et un taux de chômage de 32,9%.
Notant que le secteur minier fournissait une illustration frappante de l’échec systémique de l’économie nationale, il a expliqué qu’alors que les minéraux représentent 60 % des exportations sud-africaines, «la guerre» en cours entre le Conseil des minéraux, qui représente les principaux producteurs, et le ministre des Ressources minérales, Gwede Mantashe, a montré un modèle autodestructeur d’ingérence politique qui a menacé la bouée de sauvetage économique du pays.
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Mbeki a attribué les racines de la crise économique actuelle au changement fondamental de pouvoir, avec la fin du régime ségrégationniste de l’apartheid en avril 1994. «La nouvelle élite politique du pays a exploité les caisses de l’État, la masse salariale du secteur public ayant atteint le niveau record de 17 % du PIB, soit le plus élevé au monde», a-t-il regretté. À titre de comparaison, les économies développées n’y consacrent que 10 %.
L’analyste déplore également le fait qu’une part importante du budget est absorbée par deux postes budgétaires : les salaires du secteur public et le service de la dette, arguant qu’«il ne reste donc pratiquement rien pour les infrastructures, le développement ou l’expansion économique».
Le Fonds monétaire international avait mis en garde à plusieurs reprises contre le caractère insoutenable des dépenses du secteur public sud-africain.
Etayant ses propos, M . Mbeki a déclaré que le monde des affaires, qui emploie 75 % de la population en Afrique du Sud, se trouvait de plus en plus paralysé face à la menace d’une expropriation sans compensation et avait adopté une stratégie de survie d’investissement minimal.
Et d’ajouter que le taux de chômage, qui est actuellement de 32,9%, constitue une bombe à retardement d’instabilité sociale, alors que les données de la Banque centrale sud-africaine montrent que l’investissement fixe du secteur privé a diminué pendant sept trimestres consécutifs, la confiance des entreprises étant à son plus bas niveau depuis des décennies.