L’économie sud-africaine court le risque d’une stagnation (experts)

L’Afrique du Sud devrait connaître cette année une stagnation économique, en l’absence d’une augmentation des flux d’investissement et d’une amélioration de la demande globale, a indiqué mardi Oxford Economics Africa.

«Les investisseurs incertains sont de plus en plus réticents à opérer sur un marché sud-africain moins compétitif», a déclaré Jee-A van der Linde, économiste principal chez Oxford Economics Africa, dans une tribune.

Notant que l’environnement économique défavorisé a poussé les entreprises à réduire une fois de plus leur production au rythme le plus rapide depuis sept mois, il a expliqué que les nouvelles commandes ont chuté au rythme le plus marqué depuis le début de 2023, affectées par la poursuite des délestages électriques, la faiblesse de la consommation des clients et les problèmes d’approvisionnement.

L’expert a de même souligné qu’ils s’attendent à une plus grande volatilité du cadre politique à l’approche des élections générales qui auront lieu plus tard cette année.

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«Les tendances économiques actuelles laissent présager des risques accrus de stagnation en 2024. Sans une reprise durable de la demande et une augmentation des investissements, la croissance économique généralisée nécessaire pour stimuler l’emploi et le bien-être ne pourra pas se produire», a expliqué Van der Linde.

Même son de cloche chez David Owen, économiste principal chez S&P Global, qui a relevé que les «retards de livraison» dans les ports sud-africains ont eu un «impact déstabilisateur» sur l’économie sud-africaine en décembre dernier.

«Avec l’aggravation de la baisse des performances des fournisseurs, cela indique que l’impasse portuaire est susceptible de nuire davantage à l’économie au début de 2024, alors que les entreprises sont confrontées à de plus grandes pénuries d’approvisionnement en intrants», a-t-il dit.

Les analystes doutent que le Congrès National Africain (ANC au pouvoir) soit bien placé pour mettre en place des réformes de politique économique à un moment où le soutien et la confiance dans le parti diminuent, en raison de la corruption, de la captation de l’État et des lacunes persistantes en matière de gouvernance d’entreprise.

«Le gouvernement dirigé par l’ANC est à court d’idées pour relever les nombreux défis du pays. L’économie sud-africaine fonctionne de manière très inefficace et les industries nationales perdent en compétitivité», notent-ils.

Selon l’enquête 2024 sur les gestionnaires de fonds en Afrique du Sud, publiée la semaine dernière par Bank of America, la faiblesse des infrastructures logistiques et l’augmentation de la dette, ainsi que les vents contraires liés aux contraintes budgétaires seraient les principaux facteurs à risque pour l’économie sud-africaine.

En Afrique du Sud, la crise budgétaire a atteint en 2023 un niveau critique contraignant l’exécutif à recourir à l’austérité budgétaire, au risque de susciter l’ire de la société civile et des milieux d’affaires. L’ampleur du précipice financier est telle que tous les départements publics ont été sommés de geler les recrutements et les postes vacants et de mettre en œuvre des mesures pour contenir les coûts opérationnels.