La représentante de la Fondation Konrad Adenauer Stiftung (FKAS) à Dakar, Ute Bocande, a indiqué jeudi que le rôle des guides religieux dans le jeu électoral du Sénégal est « incontestable et bénéfique », vu l’envergure de leur profil moral et du canon de valeurs religieuses qu’ils incarnent.
Mme Ute Bocande s’exprimait lors d’une rencontre de présentation de l’étude sur les «perceptions des acteurs religieux dans le jeu électoral du Sénégal», organisée en collaboration avec le Centre Timbuktu Institute.
«Les guides religieux jouent un rôle important et on peut même affirmer qu’ils s’impliquent avec bonheur dans la médiation et la résolution de conflits», a déclaré Mme Bocande.
Elle a rappelé que le Sénégal a traversé dans son passé et récemment au même titre que tous les pays du monde «des crises politiques qui ont constitué un défi pour la démocratie».
«On peut dire que c’est grâce à la médiation discrète et efficace de guides ou de personnalités religieuses que bon nombre de crises et de conflits ont pu être réglée à l’amiable», a-t-elle signalé, relevant que l’influence des guides religieux s’avère être bénéfique à plusieurs égards vu l’envergure de leur profil moral et du canon de valeurs religieuses et citoyennes qu’ils incarnent.
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«Leur rôle d’influenceur de l’opinion est de notoriété publique et maintes fois analysé et commenté, tout comme les relations et les dynamiques entre religieux et politiques qui sont centenaires et de structures assez complexes. Bien que les consignes de vote ne soient plus de mise, l’influence des religieux sur le jeu électoral est incontestable. Mais est-ce que cette dynamique fonctionne aussi au niveau des nouvelles générations de jeunes ?», s’interroge-t-elle.
L’étude de Timbuktu Institute met un accent sur les «relations entre jeunes et guides religieux entre confiance et méfiance et analyse l’influence mitigée des guides religieux et leur rôle de stabilisation», a-t-elle indiqué.
L’étude livre de précieux détails sur tous ces sujets et ouvre une fenêtre sur la perception des jeunes de ce jeu électoral façonné par les politiques mais de manière invisible et feutrée, aussi par les religieux.
«Les multiples et complexes relations entre les acteurs du jeu électoral et de la vie politique sont démontrées à l’aide de techniques de recherche et d’analyse pertinentes qui nous aident à mieux comprendre cette thématique de haute actualité», a dit Ute Bocande.
Pour sa part, le directeur de la formation et de la communication à la Direction générale des élections (DGE), Birame Sène, a plaidé pour l’intégration institutionnelle des guides religieux dans le processus électoral.
« Les acteurs religieux, on doit les intégrer de façon institutionnelle dans les acteurs du processus électoral parce qu’ils jouent un rôle très important pour l’apaisement’’, a-t-il déclaré.
Selon lui, les gens se focalisent, très souvent en parlant des acteurs du processus électoral, sur les partis politiques, la justice, la Commission électorale nationale autonome (CENA), « mais on n’oublie les chefs religieux qui ne font pas beaucoup de bruit mais qui jouent un rôle important dans le processus électoral et l’apaisement du climat ».
Présentant les grandes lignes de cette étude, le directeur régional du think tank Timbuktu Institute, Bakary Sambe, a indiqué que deux tendances majeures se sont dégagées à l’issue de ces enquêtes menées principalement dans les zones côtières et régions frontalières.
La première, dit-il, est que ”nous avons une société sénégalaise qui a beaucoup évolué avec des jeunes qui ont d’autres modes de socialisation aussi bien sur le plan politique que sur le plan religieux”.
S’y ajoute ”la démocratisation de l’accès au savoir religieux et à l’information de manière générale par le biais des réseaux sociaux”, note M. Sambe, soulignant que la société sénégalaise ”s’est beaucoup transformée”.
A l’en croire, il y a une nouvelle conscience au niveau des Sénégalais qui essaient de faire la distinction entre leur statut de citoyen devant contribuer au jeu politique et devant opérer des choix politiques électoraux, et leur appartenance ou leur allégeance à des groupes religieux.
‘’Il est très clair que les Sénégalais interrogés dans le cadre de cette étude et selon les tendances globales (…) ont de plus en plus d’émancipation sur leurs choix électoraux, leur engagement politique, et par rapport à la consigne de vote émanant de religieux”, a expliqué Bakary Sambe,
Toutefois, a-t-il poursuivi, l’’’écrasante majorité des Sénégalais pensent que les leaders religieux doivent continuer à jouer leur rôle dans la médiation, dans la pacification de l’espace politique et d’être des stabilisateurs pour renforcer notre vivre ensemble et notre cohésion sociale”.