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Le Nigeria rembourse intégralement les 3,4 milliards de dollars d’aide d’urgence du FMI

Le Nigeria a tourné une page symbolique dans sa gestion de la crise post-pandémique. Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé, jeudi 15 mai, que le pays le plus peuplé d’Afrique avait intégralement remboursé les 3,4 milliards de dollars d’aide d’urgence qui lui avaient été octroyés en 2020, au plus fort de la crise sanitaire mondiale.

En avril 2020, alors que les économies du monde entier vacillaient sous l’effet des mesures de confinement et de la paralysie des échanges mondiaux, le FMI débloquait dans l’urgence une enveloppe exceptionnelle pour aider ses membres les plus exposés. Le Nigeria, principal exportateur africain de pétrole, voyait alors ses recettes publiques s’effondrer avec la chute brutale des cours du brut, passés de plus de 60 dollars à moins de 20 dollars le baril en quelques semaines. Pour une économie où les hydrocarbures représentent environ 90 % des recettes d’exportation et plus de la moitié des ressources budgétaires, le choc fut immédiat.

Face à l’assèchement de ses finances et à une récession inévitable — la première depuis plus de 25 ans — le gouvernement nigérian, dirigé à l’époque par le président Muhammadu Buhari, sollicitait un financement rapide auprès du FMI dans le cadre de l’instrument de financement rapide (RFI). Le prêt, d’un montant de 3,4 milliards de dollars, était destiné à soutenir les dépenses de santé, protéger les plus vulnérables, et stabiliser une économie à l’arrêt.

Mais si ce soutien international avait permis d’éviter le pire, le Nigeria est depuis resté confronté à des vulnérabilités structurelles. La faiblesse de la diversification économique, la pression sur la dette publique, une inflation galopante et une monnaie en dépréciation chronique ont continué de miner les marges de manœuvre du pays. La Banque centrale du Nigeria (CBN) a dû naviguer entre la tentation d’un contrôle strict des devises et les exigences de libéralisation réclamées par les bailleurs de fonds internationaux.

Depuis l’élection du président Bola Tinubu en 2023, le gouvernement tente d’imprimer une nouvelle dynamique en s’engageant dans des réformes impopulaires mais jugées nécessaires : fin progressive des subventions sur les carburants, ajustement du taux de change, élargissement de la base fiscale, et tentatives de relance de l’investissement privé. Ces efforts sont salués, mais les résultats se font encore attendre pour une population de plus de 220 millions d’habitants confrontée à une détérioration du pouvoir d’achat et à une insécurité persistante dans plusieurs régions du pays.

Un remboursement qui envoie un signal positif

Pour le FMI, le remboursement intégral du prêt est une étape importante, tant sur le plan financier que symbolique. « Le Nigeria a honoré ses engagements sans incident, ce qui témoigne de la volonté des autorités de maintenir des relations de confiance avec la communauté financière internationale », a déclaré un responsable du Fonds à Washington.

Cette opération pourrait redorer l’image d’un pays dont les capacités d’endettement avaient été jugées fragilisées par les agences de notation ces dernières années. Fitch Ratings et Moody’s avaient, en effet, abaissé la note souveraine du Nigeria à plusieurs reprises, citant une exposition croissante aux risques budgétaires et extérieurs.

Cependant, malgré ce remboursement, les défis économiques et sociaux du Nigeria restent considérables. La croissance, estimée autour de 3 % en 2024, reste insuffisante pour absorber la pression démographique et réduire un chômage endémique. Les tensions sur le marché des changes, l’endettement croissant en devises, et les attentes sociales pesantes sur l’administration Tinubu, maintiennent le pays sous étroite surveillance des investisseurs et des institutions financières internationales.

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