Le vice-président nigérian, Kashim Shettima, a confirmé lundi l’engagement du Nigeria dans le développement d’un projet de gazoduc sous-marin de 25 milliards de dollars, destiné à acheminer le gaz naturel nigérian jusqu’au Maroc, avant de rejoindre le réseau européen. À l’occasion d’une rencontre à Abuja avec les représentants de Vitol, premier négociant mondial en énergie, M. Shettima a insisté sur la dimension stratégique de cette infrastructure, la présentant comme un levier décisif pour les ambitions énergétiques du Nigeria.
Ce gazoduc, connu sous le nom de gazoduc Afrique Atlantique, doit prolonger la liaison ouest-africaine existante, longeant les côtes de plusieurs États riverains avant de rallier le marché européen. « Nous avons besoin de votre expertise bien plus que de vos capitaux. La fiabilité de l’approvisionnement en gaz est primordiale, d’où notre choix du tracé sous-marin », a-t-il déclaré, soulignant la complexité technique de l’ouvrage et la nécessité de s’entourer de partenaires aguerris.
L’initiative s’inscrit dans la ligne des réformes ambitieuses engagées par le président Bola Ahmed Tinubu. « Le président Tinubu comprend les mécanismes à la fois de l’énergie et de la finance, car il est issu de cet univers professionnel. Depuis vingt-cinq ans, aucun dirigeant n’avait pris de décisions aussi audacieuses — suppression de la subvention sur les carburants, unification des taux de change, révision profonde du régime fiscal », a rappelé M. Shettima, convaincu que le moment est propice pour séduire les investisseurs étrangers.
« Investissez au Nigeria. C’est ici que tout se joue », a-t-il martelé, affichant un optimisme porté par les performances constantes de la Compagnie nationale de gaz naturel liquéfié (Nigeria LNG Limited). Pour le vice-président, cette entreprise constitue un socle de stabilité, garantissant des revenus stables et prévisibles qui devraient rassurer les partenaires internationaux.
Face à ce plaidoyer, Vitol a confirmé son implication au Nigeria, rappelant des liens de longue date avec le pays. Son directeur financier, Jean-François Dellapina, a salué le partenariat stratégique avec la République fédérale : « Le Nigeria est un partenaire fondamental pour nous. Nous sommes présents dans les activités en aval, le financement, les échanges commerciaux et la coopération institutionnelle. »
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Un engagement renouvelé par le porte-parole de Vitol, Mourtala Baloni, qui a évoqué l’appui concret apporté au Nigeria au plus fort de la crise sanitaire. « Nous avons soutenu le gouvernement là où nous le pouvions, y compris en mobilisant des fonds, comme ce fut le cas pour le projet Gazelle, avec un apport de 300 millions de dollars à la Compagnie nationale nigériane des hydrocarbures », a-t-il précisé, mettant en lumière la capacité de Vitol à intervenir au-delà de ses missions traditionnelles de négociant.
Thomas de Montulé, responsable pays de Vitol, a quant à lui confirmé la disponibilité du groupe à mobiliser son savoir-faire technique et son réseau mondial au service du projet Afrique Atlantique. « Nous restons attachés à ce pays et souhaitons poursuivre notre croissance à ses côtés », a-t-il assuré.
En connectant directement les réserves nigérianes au réseau gazier européen via un tracé sous-marin, le projet Afrique Atlantique ambitionne de répondre à la fois à la quête de sécurité énergétique du Vieux Continent et à la volonté du Nigeria de valoriser son potentiel gazier. Il incarne ainsi la nouvelle dynamique d’intégration régionale, tout en illustrant la reconfiguration des flux énergétiques mondiaux dans un contexte géopolitique tendu.
Pour le Nigeria, l’enjeu est double : consolider son rôle de puissance énergétique majeure et offrir aux investisseurs des perspectives claires, dans un climat de réformes et d’ouverture économique. La balle est désormais dans le camp de Vitol et des autres partenaires potentiels, chargés de traduire cette vision en réalisations concrètes.