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Le Nigeria appelle le Ghana à rejoindre le projet gazier panafricain

Dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest cherche à construire son avenir énergétique, le Nigeria invite le Ghana à rejoindre le projet ambitieux du gazoduc Afrique Atlantique. Mais cette volonté de coopération se heurte à un vieux contentieux financier. Entre vision partagée et réalités économiques, les deux pays doivent trouver un terrain d’entente pour avancer ensemble.

Alors que l’Afrique de l’Ouest cherche à renforcer son indépendance énergétique et à consolider l’intégration régionale, le Nigeria a officiellement appelé le Ghana à soutenir le projet de gazoduc Afrique Atlantique. Mais cet appel intervient dans un climat délicat, marqué par un différend financier persistant entre Abuja et Accra autour du gazoduc ouest-africain (WAGP), dont les dettes impayées menacent la coopération entre les deux puissances énergétiques de la sous-région.

C’est en marge d’une réunion ministérielle du Comité du gazoduc ouest-africain (WAGPCo), tenue récemment à Accra, que le ministre nigérian d’État aux ressources pétrolières, M. Ekpo Ekperipe, a mis les cartes sur table. Le Nigeria réclame au Ghana 75 millions de dollars d’arriérés liés à la livraison de gaz dans le cadre du WAGP, opérationnel depuis 2010 et qui relie le delta du Niger au Bénin, au Togo et au Ghana sur une distance de 678 kilomètres.

Le ministre nigérian a ainsi exhorté les autorités ghanéennes à honorer leurs engagements contractuels, soulignant que le non-paiement de cette dette menace la viabilité de l’approvisionnement énergétique régional. Il s’agit là d’un message clair : si la région veut construire une souveraineté énergétique, elle doit aussi se doter de relations contractuelles solides et respectées.

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Ce litige n’est pas nouveau. En février, Accra avait annoncé vouloir régler 37,5 millions de dollars à N-Gas Limited, la société nigériane fournisseur du gaz pour les centrales électriques ghanéennes. Mais selon les responsables nigérians, aucune confirmation de paiement n’a été reçue à ce jour, entretenant un flou autour de la volonté réelle du Ghana de normaliser sa situation.

Pourtant, malgré ce contexte tendu, le Nigeria cherche à inclure le Ghana dans une dynamique à long terme, en lui proposant de rejoindre le projet Afrique Atlantique, infrastructure majeure censée redessiner la carte énergétique du continent africain. Le message nigérian est donc double : régler les dettes du passé pour pouvoir bâtir ensemble l’avenir énergétique de l’Afrique.

Le gazoduc Afrique Atlantique : une vision panafricaine

Ce projet pharaonique, porté conjointement par Abuja et Rabat, ambitionne de traverser au moins treize pays africains, longeant l’océan Atlantique jusqu’au Maroc, où il pourrait se connecter aux réseaux européens. Avec un coût estimé à 25 milliards de dollars, il s’agit de bien plus qu’un simple tuyau : c’est un levier stratégique, porteur de sécurité énergétique, de croissance économique, et de coopération interétatique renforcée.

Le soutien du Ghana, considéré comme une plateforme énergétique montante en Afrique de l’Ouest, serait un atout de poids pour renforcer la crédibilité du projet. Selon M. Ekperipe, cette alliance régionale doit s’appuyer sur une vision commune : sortir des logiques de dépendance externe, en mutualisant les ressources et les infrastructures.

Cette nouvelle dynamique s’inscrit dans un contexte de plus en plus marqué par la nécessité d’une intégration régionale pragmatique, notamment face aux défis climatiques, économiques et géopolitiques. Le gazoduc Afrique Atlantique, en complément du WAGP, incarne cette volonté de connecter les pays africains entre eux avant de penser à l’exportation vers l’Europe.

Mais cette ambition se heurte aux fragilités économiques de plusieurs États de la région, comme le Ghana, qui traverse une période difficile sur le plan budgétaire. Le retard de paiement à N-Gas Limited en est une illustration.

Malgré les différends, le Nigeria affiche sa volonté de garder le cap. « Notre engagement à œuvrer de concert avec les pays frères demeure intact », a affirmé M. Ekperipe. Le message est clair : la coopération énergétique ne peut se construire qu’en misant sur la confiance mutuelle, l’engagement contractuel et la vision partagée.

À l’heure où le continent cherche à se positionner comme un acteur stratégique sur le marché mondial de l’énergie, notamment face aux nouvelles demandes européennes en gaz, le gazoduc Afrique Atlantique se présente comme un chantier d’intégration continentale, mais aussi comme un test politique pour la solidarité régionale.

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