L’Afrique du Sud doit mobiliser des ressources humaines et matérielles considérables pour lutter contre le fléau des violences sexistes et les féminicides et en faire une «priorité nationale», a indiqué mercredi la vice-ministre de la Police, Polly Boshielo.
«Le ciblage continu des femmes, des jeunes filles et des groupes vulnérables reste préoccupant dans le pays», a déclaré Mme Boshielo lors d’une visite au domicile de Lukhona Fose, une fille de 14 ans qui a disparu près de Johannesburg et dont le corps mutilé a été découvert dans un veld le lendemain.
Notant que la situation ne peut plus continuer comme si de rien n’était alors que des femmes sont agressées et tuées chaque jour, elle a soutenu que la lutte contre les violences sexistes doit être une priorité qui exige une réponse collective.
«Nous avons besoin de la participation de tous les acteurs de la société», a-t-elle dit, estimant que s’attaquer aux causes profondes de la violence et créer un environnement plus sûr pour les femmes doit être une responsabilité partagée.
L’Afrique du Sud a l’un des taux les plus élevés de cas de violences basées sur le genre au monde et cela est dû à des niveaux élevés de criminalité dans le pays, a indiqué le professeur Anni Hesselink, criminologue à l’Université de Limpopo.
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Le Conseil sud-africain de recherche médicale avait souligné que chaque jour, sept femmes sont tuées en Afrique du Sud et que près de six meurtres sur dix sont commis par un mari.
Commentant ces chiffres macabres, Ayanda Kunene, fondatrice et directrice exécutive de l’organisation Xumana Sibambane, a déclaré que la volonté politique, les contraintes de ressources et les priorités concurrentes ralentissent souvent la mise en œuvre de solutions à ce problème sociétal. «En outre, il existe des barrières sociétales et culturelles, telles que la résistance au changement des normes de longue date concernant le genre et la violence, qui peuvent entraver le changement des politiques», relève-t-elle.
La première étude nationale sur la violence basée sur le genre révèle que 35,5 % des femmes sud-africaines (7,8 millions) ont été victimes de violences et qu’une femme sur trois âgée de 18 ans et plus a été victime de violences physiques et sexuelles au cours de sa vie.
L’étude recommande notamment l’adoption d’approches à long terme, culturellement pertinentes, axées sur la reconstruction des structures familiales et communautaires, l’engagement des dirigeants traditionnels, la promotion du changement sociétal et le renforcement de l’application des lois sur la violence basée sur le genre.