La devise ghanéenne connaît une spectaculaire appréciation en 2025, devenant la monnaie la plus performante au monde depuis le début de l’année. Le cedi a en effet enregistré une hausse de près de 50 % par rapport au dollar américain, une performance attribuée à une combinaison de réformes économiques profondes, d’exportations d’or robustes et d’un regain de confiance des investisseurs.
Le cedi ghanéen s’est nettement repris ce lundi, s’échangeant à 10,21 cedis pour un dollar, contre près de 15 cedis début janvier. Ce rebond spectaculaire contraste avec la crise de 2022, quand la monnaie nationale avait perdu plus de la moitié de sa valeur, victime d’une hyperinflation et d’une grave crise de la dette. Aujourd’hui, la reprise économique du Ghana est saluée comme l’une des plus impressionnantes en Afrique subsaharienne. Longtemps affaibli, le cedi redevient le symbole d’un regain de confiance dans la gestion financière du pays.
Face à cette rapide progression, le gouverneur de la Banque du Ghana, Johnson Asiama, appelle à la prudence. Il rappelle que la stabilité monétaire ne doit pas se faire au détriment de la compétitivité des exportations. Il a insisté sur le fait que la stabilité ne signifiait pas fixation, plaidant pour une politique monétaire à la fois solide et durable.
Selon les médias, la banque centrale a surpris les marchés en mars dernier en augmentant son taux directeur de 100 points de base, le portant à 28 %. Cette mesure vise à attirer les capitaux étrangers et à freiner l’inflation, qui a ralenti à 21,2 % en avril, malgré un niveau encore élevé au-dessus de la cible comprise entre 6 % et 10 %.
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Dans la même dynamique, le gouvernement, via le Gold Board, a instauré l’obligation de régler en cedis les achats d’or locaux avant toute exportation. Cette mesure a permis de renforcer les réserves nationales, avec les avoirs en or qui ont bondi de 9 tonnes en 2023 à 31 tonnes, tandis que les réserves de change ont atteint un niveau record de 11,4 milliards de dollars en mars 2025.
Parallèlement, le Ghana a enregistré un excédent commercial de 4,3 milliards de dollars en 2024, porté par les exportations de pétrole et de produits non traditionnels. Ce redressement s’inscrit dans une vaste restructuration économique, menée dans le cadre d’un programme d’aide de 3 milliards de dollars du FMI. Le gouvernement a suspendu 65 milliards de cedis d’arriérés et abaissé les rendements des bons du Trésor de 28 % à 15 %, allégeant ainsi le service de la dette et renforçant la discipline budgétaire.
Par ailleurs, l’adoption d’un système d’enchères sur le marché au comptant pour l’allocation des devises a amélioré la liquidité en dollars et freiné la spéculation, renforçant la confiance dans la monnaie nationale. La stabilité politique sous la présidence de John Mahama a aussi été un facteur clé de ce redressement. Le gouvernement en place est salué pour avoir mené des réformes difficiles mais indispensables, visant à restaurer la stabilité économique après la récession de 2022–2023.
Malgré ces progrès, les médias alertent sur le risque d’une baisse prématurée des taux d’intérêt, susceptible de raviver les pressions inflationnistes ou de fragiliser les gains du cedi. Selon ces mêmes sources, la Banque du Ghana devra faire preuve de prudence pour maintenir l’équilibre entre relance économique et maîtrise de l’inflation.