Les Camerounais s’apprêtent à se rendre aux urnes ce dimanche, pour élire leur président lors d’un scrutin décisif censé dessiner les contours du paysage politique et économique dans le pays d’Afrique centrale pour les prochaines années.
Quelque 8,01 millions citoyens inscrits sur le fichier électoral arrêté par l’instance électorale camerounaise (Elecam) sont attendus dans plus de 31.600 bureaux de vote dont 108 à l’étranger pour choisir le prochain chef d’Etat parmi douze candidats à la magistrature suprême, dont le président sortant Paul Biya (92 ans), qui brigue un huitième mandat.
Le pays de près de 30 millions d’habitants a vécu ces derniers jours au rythme d’une campagne électorale dynamique où les candidats investissaient les espaces publics aussi bien que les réseaux sociaux pour convaincre l’électorat des grandes lignes de leurs programmes et de leur capacité à répondre aux aspirations de la population sur les plans économique et social.
Avec plus de la moitié de la population âgée de moins de 20 ans, le Cameroun qui représente plus de 40% du PIB de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) peine à créer assez d’opportunités pour absorber le chômage de la jeunesse, ce qui place l’agenda économique et social au premier rang des attentes de la population.
L’augmentation des salaires, le développement des infrastructures et le renforcement des services de base font également partie des demandes pressantes affichées par une large frange de la population du pays riche en ressources naturelles (pétrole et gaz, minerais) et agricoles qui a fait preuve de résilience économique face à plusieurs chocs ayant bouleversé l’économie mondiale ces dernières années.
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Le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, ayant annoncé une candidature à sa propre succession sous les couleurs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), en réponse « à l’appel de ses concitoyens » affrontera dans cette course à la magistrature suprême 11 candidats, l’opposition étant divisée, n’est pas parvenue pas à présenter une candidature unique.
Parmi les candidats les plus en vue de ce scrutin, figure Issa Tchiroma Bakary (79 ans) désigné à la mi-septembre comme candidat par l’Union pour le changement 2025, une coalition de partis d’opposition minoritaires et membres de la société civile. Bakary qui a démissionné du gouvernement pour briguer la magistrature suprême fut ministre à plusieurs reprises, à la tête des portefeuilles de l’emploi, la formation professionnelle, le transport et la communication.
La liste des prétendants à la présidentielle comprend un autre ex-ministre, Bello Bouba Maïgari (78 ans). Cet ancien premier ministre sous le règne de Paul Biya en 1982, avait terminé troisième lors de l’élection présidentielle de 1992.
La candidature de Maïgari est soutenue par Ateki Seta Caxton du Parti de l’alliance libérale (PAL) et l’avocat Akere Tabeng Muna du parti Univers, deux candidats validés à la magistrature suprême, qui avaient annoncé leur retrait de la course et leur ralliement à Maïgari. Néanmoins, des bulletins à leur noms seront disponibles dans les bureaux de vote aux côtés de ceux des neuf autres candidats, puisque leur candidature reste officielle aux yeux de l’organe électoral.
Figure majeure de l’opposition et candidat de la présidentielle de 2018, Cabral Libii (45 ans) s’est lancé également dans la course présidentielle sous les couleurs du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), avec à la clé un programme électoral s’adressant aux revendications socio-économiques et des promesses de doubler le salaire minimum dans le pays.
La seule femme candidate dans le cadre de ce scrutin est Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya, du parti Union Démocratique du Cameroun (UDC).
En prévision de cette échéance électorale, « Elections Cameroon » a souligné que toutes les dispositions sont prises pour « garantir un processus électoral transparent, inclusif et conforme aux normes prévues par la Constitution ».
Dans le cadre de ces préparatifs, l’organe électoral a tenu récemment une rencontre de concertation avec les observateurs nationaux et internationaux accrédités pour la supervision du scrutin, dans la perspective de « renforcer la transparence du processus et à garantir un climat de confiance entre les parties prenantes ».
Selon l’instance électorale, le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats dans les quinze jours suivant le scrutin, après examen d’éventuelles requêtes post-électorales.