La Haute Cour de Johannesburg a reconnu, lundi, le Congrès National Africain (ANC au pouvoir) et son Secrétaire général, Fikile Mbalula, coupables d’outrage à la justice pour ne pas avoir fourni à l’Alliance démocratique (DA-opposition) les dossiers de déploiement des cadres du parti.
Le tribunal a aussi rejeté la demande d’appel de l’ANC concernant le déploiement de ses cadres.
En février dernier, l’ANC s’est conformée à une décision de la Cour constitutionnelle et a remis des documents sur le déploiement des cadres à la DA. Mais l’Action démocratique a saisi la Haute Cour en déclarant que la plupart des dossiers fournis par l’ANC étaient «incomplets ou expurgés».
«Depuis notre victoire devant la Cour constitutionnelle, qui a forcé l’ANC à publier ses dossiers de déploiement de cadres, nous avons découvert un réseau de nominations à motivation politique qui a paralysé la prestation de services et miné le professionnalisme de la fonction publique», a déclaré le porte-parole de la DA, Willie Aucamp.
Saluant le jugement de la justice, il a «exhorté l’ANC à se conformer pleinement aux ordres du tribunal», arguant que «le peuple sud-africain mérite de connaître la vérité sur les pratiques de corruption qui ont miné nos institutions et compromis notre démocratie».
L’Alliance démocratique, qui était le principal parti d’opposition en Afrique du Sud, a intégré le gouvernement d’unité nationale formé après les élections générales du 29 mai dernier.
Commentant la décision de la Haute cour, l’analyste politique Nkosikhulule Nyembezi affirme qu’il y aurait «des conséquences pour la nouvelle doctrine de l’ANC du pouvoir total sans aucune responsabilité». «Nous avons un nombre considérable de personnes nommées par l’ANC au gouvernement que de nombreux citoyens considèrent comme incompétentes», a-t-il dit.
Les documents requis par les partis de l’opposition sont les procès-verbaux de réunions, CVs, fils de discussion par courrier électronique, discussions Whatsap et autres dossiers pertinents produits par le Comité de déploiement des cadres de l’ANC entre 2013 et 2021. Cette période a été largement marquée par des malversations et une corruption galopante, communément appelée la capture de l’État.
Les conclusions du rapport de la Commission d’enquête sur la capture de l’État, publiées en 2022, ont révélé comment les institutions et les entreprises publiques ont été « détournées » par la politique du déploiement des cadres de l’ANC.
Le rapport en trois parties de la Commission a révélé que la corruption était devenue systémique dans toutes les administrations et impliquait de hauts responsables de l’ANC, dont l’ex-président Jacob Zuma.