L’Alliance des États du Sahel (AES), réunissant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a franchi un nouveau cap dans son processus d’intégration économique régionale, a rapporté la chaîne Africanews. Créée en septembre 2023, cette alliance a été conçue comme un cadre alternatif à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), jugée trop contraignante par ses membres.
Depuis leur retrait de la CEDEAO en janvier 2024, les trois pays sahéliens ont multiplié les initiatives pour renforcer leur autonomie et stimuler leur croissance commune. Parmi les mesures phares déjà mises en œuvre figurent la suppression des frais d’itinérance mobile entre les trois pays, l’adoption en cours d’un passeport commun et l’instauration d’un tarif douanier unique de 0,5 % sur les importations de pays tiers.
La création de la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement (BCID-AE), dotée d’un capital initial de 500 milliards de francs CFA, marque un jalon majeur dans cette dynamique. Cet établissement financier vise à soutenir les infrastructures critiques et l’industrialisation locale, souligne l’économiste Magaye Gaye, qui y voit un « acte politique de souveraineté ».
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Outre le volet financier, l’AES envisage la mise en place d’une monnaie commune, qui, selon Gaye, pourrait s’appuyer sur la masse critique de ces trois pays représentant 75 % de la superficie de l’UEMOA et la moitié de sa population. L’expert avertit cependant que sortir du franc CFA ne sera pas suffisant : il faudra harmoniser la fiscalité, les budgets et corriger les déséquilibres commerciaux pour assurer une croissance durable.
Ces initiatives interviennent alors que les États de l’AES entendent aussi redéfinir leurs rapports avec les bailleurs internationaux, en plaidant pour un appui plus adapté aux réalités locales. Selon Gaye, l’objectif n’est pas l’isolement, mais la diversification des partenariats et la mobilisation des ressources endogènes.
Si ces ambitions se concrétisent, l’Alliance des États du Sahel pourrait redessiner le paysage économique régional et imposer un modèle de développement fondé sur l’intégration et la souveraineté collective.