L’Afrique du Sud recourt à l’écornage pour lutter contre le braconnage de rhinocéros

Un nouveau programme d’écornage de rhinocéros a été lancé dans le parc Hluhluwe-iMfolozi, l’une des plus grandes réserves en Afrique du Sud, pour freiner le braconnage de cette espèce menacée d’extinction, a annoncé l’Agence étatique de conservation de la vie sauvage, Ezemvelo KZN Wildlif.

«L’écornage des rhinocéros va à l’encontre des principes que nous défendons, mais la menace persistante posée par les braconniers a nécessité des mesures plus drastiques pour protéger ces animaux», a déclaré le directeur général de l’Agence, Sihle Mkhize, dans un communiqué.

Le KwaZulu-Natal (est) a été l’une des provinces les plus touchées par le braconnage de rhinocéros en 2023, avec 325 de cette espèce emblématique tuées pour leurs cornes, dont plus de 300 ont été braconnées dans le seul parc Hluhluwe-iMfolozi (96.000 hectares).

Rappelant que les taux de braconnage a triplé au cours des trois dernières années dans la province, M. Mkhize a signalé que l’écornage est une opération coûteuse qui nécessite des opérations de «parage» répétées tous les 18 à 24 mois à mesure que les cornes repoussent naturellement.

L’écologiste, Peter Goodman, a remis en question la pertinence de recourir à des mesures aussi radicales, notant que cette stratégie aura seulement pour conséquence le déplacement du braconnage vers d’autres réserves publiques et privées où les rhinocéros ne sont pas écornés, ou dans lesquelles l’écornage a été interrompu.

De même, il a signalé que les pays de l’aire de répartition des rhinocéros en Afrique de l’Est, tels que le Kenya, la Tanzanie et le Rwanda, n’écornent pas leurs rhinocéros, mais leurs populations continuent de croître.

«Le problème de la conservation des rhinocéros en Afrique du Sud réside dans le manque d’application de la loi, de volonté politique et de soutien juridique», a-t-il déploré.

L’Afrique du Sud, où vivent la majorité des rhinocéros du monde, est frappée de plein fouet par le fléau du braconnage, alimenté par une demande croissante de certains pays asiatiques, où sa corne est utilisée en médecine traditionnelle pour ses supposés effets thérapeutiques.

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Environnement, près de 500 rhinocéros ont été tués dans le pays en 2023 par des braconniers, soit une augmentation de 11% par rapport à 2022, malgré les efforts du gouvernement pour protéger cet animal menacé d’extinction.

L’ONG Save the Rhino a souligné que ces chiffres dressent « un tableau inquiétant » qui nécessite une mobilisation d’urgence contre les braconniers. « Il n’y a pas de so-lution immédiate, mais avec un rhinocéros braconné toutes les 17 heures en Afrique du Sud, nous ne pouvons plus nous permettre de perdre plus de temps », selon Jo Shaw, président de l’ONG.