La mise en place de systèmes de protection sociale en Afrique n’est pas un luxe ou une option, c’est à la fois un droit humain et une nécessité économique et sociale avec des dividendes nationaux, régionaux et mondiaux inévitables, ont indiqué mercredi des participants au premier Forum de coordination et de coopération entre les institutions africaines de sécurité sociale, qui se tient au siège du Parlement Panafricain (PAP) à Johannesburg.
D’emblée, des experts soutiennent que la protection sociale améliore la justice sociale et assure une plus grande inclusion, une meilleure répartition des richesses et un plus grand bien-être des populations, ce qui contribue à améliorer la sécurité dans toutes les sphères de la vie.
La reconnaissance de la sécurité sociale comme un droit humain fondamental, l’acceptation croissante des mérites d’une protection sociale complète et adéquate, ainsi que l’engagement politique international et national accru, sont autant de moteurs des efforts visant à étendre la portée de la couverture de sécurité sociale en Afrique, soutiennent-ils.
Considérant que l’emploi informel reste la principale source d’emploi en Afrique, représentant 85,8 % de l’emploi total, il est remarquable qu’en 2021, plus de 18 % de la population africaine ait eu un accès effectif à au moins une forme de protection sociale, relèvent des intervenants, précisant que les pensions de vieillesse sont la prestation la plus répandue, couvrant 30 % de la population âgée.
Lire aussi : ONU/Sahara: Le Maroc réitère son attachement à une solution politique définitive…
Un rapport de l’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) montre que 49 pays africains dotés d’une couverture de protection sociale ont des dispositions statutaires dans au moins trois domaines de la politique de sécurité sociale (invalidité, accident du travail, famille, maternité, vieillesse, maladie et chômage).
Cependant, les taux de couverture effective restent faibles sur le continent et l’accès aux prestations et aux services est limité, soulignent des participants, arguant que cela est dû au sous-investissement dans la protection sociale et aux lacunes de mise en œuvre des programmes existants.
Des intervenants ont, en outre, souligné que le défi de l’extension de la couverture de sécurité sociale est aggravé par un nombre toujours croissant de chômeurs, de personnes vivant dans la pauvreté et de privations multidimensionnelles exacerbées par de graves inégalités en Afrique. Les défis actuels, notamment le changement climatique, les risques croissants de crises financières et politiques, ainsi que les impacts socioéconomiques négatifs contribuent encore à ce défi, expliquent-ils.
Ils avertissent que ces défis sont de nature à éroder la base de financement nécessaire pour accroître les dépenses sociales, ce qui peut également mettre en péril la viabilité financière à long terme des systèmes de protection sociale.
Ces défis doivent être relevés, mais il faut d’abord les évaluer pour améliorer la capacité des institutions de sécurité sociale à continuer de fournir des services aux travailleurs, et en même temps envisager des réformes dans le contexte d’un meilleur accès à des prestations adéquates et à des services de qualité, ajoutent-ils encore.