La démocratie sud-africaine est «très fragile» (premier président de la CEI)

La démocratie en Afrique du Sud est encore jeune et «très fragile», a indiqué jeudi le premier président de la Commission électorale indépendante (CEI), Johann Kriegler.

«Notre démocratie est jeune, mais très fragile. Quoi qu’il en soit, la démocratie n’est pas une destination, mais un voyage», a déclaré M. Kriegler, qui a dirigé les premières élections démocratiques en Afrique du Sud en 1994.

Commentant le déroulement des élections générales tenues mercredi dans le pays, M. Kriegler, juge à la retraite de la Cour constitutionnelle, a souligné que les Sud-africains avaient eu un moment pour réfléchir à leurs choix avant de voter.

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L’avènement du parti «uMkhonto weSizwe» de l’ex-président Jacob Zuma «a rendu encore plus imprudent les pronostics mais, en principe, je pense qu’il y aura moins de changement que prévu», a-t-il dit, arguant que le pays n’a pas encore atteint la maturité politique et démocratique.

L’ancien président de la CEI a de même souligné que l’ampleur et la rapidité de la dégradation morale du parti au pouvoir, le Congrès National Africain (ANC), «se sont révélées décevantes». «Une différence frappante entre 1994 et aujourd’hui, est l’absence de leaders, des personnes capables de s’élever au-dessus des intérêts personnels et du parti», a-t-il déploré.

Et d’ajouter : «J’avais espéré que le partenariat entre le savoir-faire blanc et la légitimité noire durerait plus longtemps».

Plus de 27,7 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales se sont rendus, mercredi, aux urnes pour élire 400 députés du Parlement, qui eux-mêmes désigneront le prochain chef de l’Etat. Ces élections générales historiques sont annonciatrices de changements profonds dans le paysage politique du pays.

Face à un mécontentement grandissant nourri par un taux de chômage record (33%), une crise économique très aigue et des inégalités toujours plus criardes, l’ANC, au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, pourrait, selon les sondages, voir son nombre de voix passer sous la barre des 50 % et perdre pour la première fois sa majorité absolue au Parlement, ce qui l’obligerait à former une coalition au niveau national avec d’autres partis politiques pour pouvoir encore gouverner.