L’ancien président congolais Joseph Kabila a fait sa première apparition publique à Goma jeudi depuis son arrivée dans la ville le mois dernier, dans un contexte d’escalade des tensions et de violences persistantes dans l’est de la République démocratique du Congo.
Kabila, qui a dirigé le pays de 2001 à 2019, a rencontré des chefs religieux locaux dans la ville tenue par les rebelles. Bien qu’il ne se soit pas exprimé publiquement, cette rencontre a souligné son engagement croissant dans la quête de paix dans la région, malgré les accusations du gouvernement selon lesquelles il soutiendrait le groupe rebelle M23.
Les chefs religieux ont appelé Kabila à jouer un rôle de médiateur. « En tant que chefs religieux, nous lui avons demandé de jouer un rôle d’arbitre pour que la paix revienne », a déclaré Mgr Joël Amurani. « Pendant 18 ans, il a construit tant de choses que nous ne pouvons ignorer. Cet État existe toujours et il doit s’impliquer pour que la paix revienne. »
Amani Safari, vendeur d’essence, s’est réjoui de sa présence. « Son arrivée à Goma est une bonne chose, car il est aussi Congolais que nous tous », a déclaré Safari. « Pour que la paix règne, nous devons passer par lui, car il comprend très bien les problèmes des Congolais. »
D’autres ont exprimé leur scepticisme. « Je ne pense pas que Kabila puisse mettre fin à la guerre », a déclaré Alexis Bauma. « Il a présidé ce pays il y a longtemps, mais il n’y est pas parvenu. Je ne pense pas qu’aujourd’hui, alors que la situation empire, il vienne y mettre fin. »
Le retour de Kabila sous les projecteurs intervient alors que le Sénat congolais a récemment voté la levée de son immunité, ouvrant la voie à d’éventuelles poursuites pour trahison et crimes de guerre – accusations qu’il a rejetées comme politiquement motivées. Dans une déclaration la semaine dernière, il a accusé le gouvernement actuel de se transformer en une dictature soutenue par le Parlement.
Le gouvernement du président Félix Tshisekedi a affirmé à plusieurs reprises que Kabila soutenait les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, qui ont pris le contrôle de villes clés de l’est du pays. Kabila a nié tout lien avec ce groupe.
Malgré un récent engagement en faveur d’une trêve entre l’armée congolaise et le M23, les affrontements se poursuivent dans la province du Sud-Kivu, compliquant davantage les efforts de paix.
Kabila, qui a accédé à la présidence après l’assassinat de son père Laurent Kabila en 2001, a dirigé le pays pendant une période mouvementée marquée par des élections retardées et des accusations d’autoritarisme. Son héritage politique reste source de divisions, et ses dernières initiatives risquent de les accentuer.
Agences,