« Inactivité physique » pendant le confinement : Quelles conséquences sur notre santé ?

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Nos habitudes de vie ont  changé, depuis le début de cette crise sanitaire. À l’ère du confinement, les gens sont plus sédentaires et ont tendance à passer plus de temps devant leurs écrans. 

Activité physique réduite, sommeil perturbé, angoisse de contracter la maladie, peurs irrationnelles, tentation de se réfugier dans la nourriture ou devant les écrans… Instauré pour lutter contre la propagation de l’épidémie de coronavirus, le confinement, prolongé jusqu’au 20 mai au Maroc, peut avoir des conséquences négatives sur notre santé, d’après docteur Khadija Moussayer, présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS).

L’enfermement prolongé et imposé peut tout d’abord générer  « un affaiblissement potentiel de notre santé ». Selon les explications de docteur Moussayer, « Du fait du stress, on est exposé, en premier lieu, à l’anxiété, source d’irritabilité, de risques de violences et même de dépression en cas  de  fragilité mentale ».

Notre horloge biologique est le premier élément perturbé par ce nouveau mode de vie, nous apprend cette spécialiste, « cette rupture peut perturber notre horloge biologique et nuire à la qualité de notre sommeil, voire provoquer des insomnies, aggravées de surcroît par une augmentation du temps passé devant les écrans ».

Notons que l’inactivité physique et donc la sédentarité, augmente déjà, en temps normal, selon l’OMS, « les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité » et augmente ceux de « cancer du colon, d’hypertension artérielle, d’ostéoporose, de troubles lipidiques, de dépression et d’anxiété, renforçant ainsi toutes les causes de mortalité ».

La présidente d’AMMAIS précise que cette sédentarité a, en effet, un impact direct sur nos muscles en induisant une perte de la masse musculaire et une plus grande fatigabilité musculaire. « Cette perte a même été mesurée par l’Académie nationale de médecine française : elle est de 3,5 % à 5 jours d’inactivité musculaire, de 8 % à 14 jours, de 0,4 %/j sur 3-4 semaines », alerte la spécialiste.

Cette situation de confinement de 4 à 6 semaines peut avoir de lourdes conséquences sur les personnes âgées, notamment, un déconditionnement musculaire délétère pour la santé de beaucoup de nos seniors. Pour docteur Moussayer, « l’inactivité affecte le flux d’informations vers le cerveau, réduisant la commande motrice de nos muscles, ce qui va encore augmenter la fonte musculaire, soit un cercle vicieux dont il faut prévenir l’installation ».

Autre problème qu’évoque cette spécialiste, celui d’un risque nutritionnel engendré par la réduction de l’activité physique. « Consommer plus d’aliments sucrés et grignoter davantage provoquent des prises de poids : une réduction de 10 000 pas/jour à 1 500 pas, pendant 14 jours, augmente de 7% le volume du tissu graisseux abdominal profond chez des adultes indemnes de toute pathologie ! », met en garde notre médecin, appelant à faire attention aussi aux enfants et adolescents, « le grignotage devant les écrans, à longueur de journées, constitue un facteur de risque indéniable de surpoids et d’obésité, parfois irréversible ».

Face à des risques d’allergies à cause de polluants et d’allergènes souvent présents dans les maisons en trop grandes quantités, il convient de « privilégier pour le nettoyage les produits naturels (comme le savon) et ne pas abuser des produits ménagers industriels (l’eau de javel, c’est bien mais gare aux excès). Il faut aussi , selon docteur Moussayer, « ouvrir vos meubles (surtout en bois agglomérés qui contiennent souvent des produits chimiques nocifs) » et «  aérer le logement quotidiennement, battre et nettoyer les tapis, car ils sont souvent allergènes, et laver les draps au minimum toutes les semaines ».

En revanche, pour limiter les effets de l’anxiété, la présidente de l’AMMAIS préconise de « garder le rythme d’une vie normale, avec des horaires fixes de repas, de consacrer du temps pour des activités ludiques et récréatives et de suivre un emploi du temps établi de la journée », tout en mettant en garde contre la surconsommation d’informations sur le coronavirus, qui ont des effets anxiogènes.

Dans le même registre, cette spécialiste en médecine interne recommande de « se lever toutes les 30 minutes au minimum pour marcher pendant 4 ou 5 mn et de faire des exercices de souplesse et de renforcement musculaire, au moins pendant 15 mn par jour », expliquant qu’avoir une activité physique a également un impact positif sur le sommeil et sur le moral en général.

Quant au déséquilibre nutritionnel, il est préférable de « respecter des horaires de repas fixes, de cuisiner des produits bruts, de manger des légumes, des fruits et des légumineuses et de réduire un peu les quantités consommées ».

Pour faire face aux troubles de sommeil, il est préconisé de « ne pas rester éveillé (à traîner) au lit, de modérer sa consommation d’excitants et de se déconnecter des écrans une à deux heures avant le coucher ! Sachons d’ailleurs que les personnes passant plus de 7 h par jour, en position assise, devant un écran de télévision, ont un risque de mortalité cardiovasculaire de l’ordre de 85 % plus élevé que celles passant moins d’1 h par jour devant la télévision».