Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement a approuvé un don de 19,93 millions de dollars américains à la Gambie pour mettre en œuvre le Projet de renforcement de la résilience – soutien aux jeunes et femmes vulnérables, qui permettra d’améliorer l’accès aux services sociaux de base pour les communautés mal desservies du pays.
Le projet permettra de faire face aux causes profondes de la pauvreté et de la migration irrégulière en créant des moyens de subsistance durables, en abordant les premiers signes de fragilité, et en prévenant les facteurs structurels de conflit et d’instabilité dans la région ciblée. Le financement provient de l’enveloppe « prévention » du Mécanisme de soutien à la transition de la Banque, qui met l’accent sur la réponse précoce aux risques de fragilité et aux facteurs systémiques de conflit.
La Gambie fait face à de graves défis économiques, avec 53,4 % de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté, est particulièrement sévère dans les zones rurales (76 %), contre 34 % en zones urbaines. Le chômage des jeunes s’élève à 38,6 %, les femmes étant disproportionnellement touchées — 1,3 femme est au chômage pour chaque homme au chômage. Ces disparités socioéconomiques, couplées à un accès limité aux services, sont des facteurs d’incitation majeurs alimentant la migration irrégulière et l’instabilité sociale.
Bien que le pays ait atteint un niveau significatif d’accès à l’électricité à l’échelle nationale, d’importantes inégalités régionales persistent. Dans des zones telles que Kuntaur et Janjanbureh, moins d’une personne sur quatre seulement, a accès à l’électricité, contre 95 % dans la capitale. De plus, un enfant sur quatre souffre de malnutrition. En ciblant ces lacunes, le projet vise à renouveler le contrat social et à favoriser la résilience communautaire.
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« Ce projet représente notre engagement à nous attaquer aux causes fondamentales de la fragilité, de la pauvreté, de l’exclusion et du manque d’opportunités, en investissant dans les personnes et les systèmes qui construisent la résilience communautaire et l’espoir », a déclaré le directeur général adjoint de la Banque pour l’Afrique de l’Ouest et directeur pays pour la Gambie, Joseph Ribeiro. « À travers l’ « enveloppe prévention du Mécanisme de soutien à la transition, nous agissons de manière précoce pour prévenir les conflits et la migration des jeunes en favorisant une croissance inclusive, l’égalité des sexes, et la stabilité institutionnelle, tout en construisant les fondations pour des moyens de subsistance durables qui maintiendront les familles et les communautés ensemble », a-t-il ajouté.
Le projet créera directement 1 500 emplois, améliorera la productivité de 5 000 postes existants, et fournira une formation annuelle en compétences à 500 jeunes dans des secteurs à forte demande tels que l’agriculture, l’ingénierie, les TIC, et les énergies renouvelables. De plus, un soutien sera étendu à 500 micros et petites entreprises dirigées par des femmes et à 50 coopératives de femmes.
Les investissements clés dans l’infrastructure de santé incluront la réhabilitation de quatre établissements de santé primaires dans les régions vulnérables, notamment Basse, Kuntaur, et Janjanbureh, où les taux de mortalité maternelle et de malnutrition infantile dépassent les moyennes nationales. Des systèmes de surveillance nutritionnelle améliorés permettront une détection précoce pour 22 000 enfants et faciliteront le traitement de 1 000 enfants nécessitant des soins spécialisés.
L’insécurité alimentaire a grimpé, passant de 13,4 % en 2021 à 29 % en 2023, avec des pics de 61% dans des zones telles que Kuntaur. Le projet s’attaquera à cette crise en promouvant une agriculture intelligente face au climat et en renforçant les chaînes de valeur locales pour améliorer la sécurité alimentaire et réduire la vulnérabilité aux chocs climatiques.
L’inclusion financière est un pilier central du projet. Avec 77 % des jeunes gambiens actuellement exclus des services financiers formels, le projet établira des lignes de crédit dédiées et fournira un soutien au développement des entreprises pour débloquer l’entrepreneuriat, particulièrement pour les femmes qui font face à des barrières systémiques pour accéder au capital et aux marchés.
Le projet inclut également l’intensification des efforts pour lutter contre la violence et l’inégalité basées sur le genre, et le renforcement des capacités des institutions gouvernementales pour améliorer l’élaboration de politiques basées sur les données et le suivi à long terme des tendances de fragilité.
Les organisations de la société civile, y compris l’Association des organisations non gouvernementales (TANGO), seront impliquées dans la mise en œuvre du projet afin de s’assurer qu’il est inclusif, participatif et aligné avec les priorités nationales.