Ce samedi 3 mai, c’est sous le regard attentif de plusieurs chefs d’État africains que le général Brice Clotaire Oligui Nguéma sera officiellement investi président du Gabon au stade d’Agondjé à Libreville. Vainqueur dès le premier tour du scrutin présidentiel organisé le 12 avril dernier avec un score écrasant de 94,85 % des suffrages, son élection, confirmée par la Cour constitutionnelle, clôture formellement une période délicate de transition ouverte après le renversement spectaculaire d’Ali Bongo huit mois plus tôt.
Cette cérémonie solennelle accueillera notamment le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, et Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine (UA), qui a récemment confirmé sa présence après une rencontre diplomatique à Abuja. L’UA en profite d’ailleurs pour réintégrer officiellement le Gabon dans ses instances, louant une transition conduite dans le respect des engagements pris envers la communauté internationale et marquant le retour attendu à un ordre constitutionnel.
Toutefois, derrière l’apparente sérénité de cette investiture se cache une réalité politique complexe. L’arrivée au pouvoir d’Oligui Nguéma reste indissociable du coup d’État militaire orchestré contre Ali Bongo, un acte qui entache irrémédiablement la légitimité démocratique du nouveau président et marque profondément l’histoire contemporaine gabonaise comme une cicatrice durable. Nombre d’observateurs rappellent ainsi que, malgré l’assentiment massif exprimé par les électeurs lors de ce scrutin présidentiel, cette élection intervient après une prise de pouvoir par la force qui continue d’être critiquée sur la scène internationale.
Lire aussi : Abuja abrite la 8è AG du Réseau des autorités africaines de protection des données personnelles
Brice Clotaire Oligui Nguéma hérite d’un pays fragilisé par des décennies de gestion opaque et d’une gouvernance contestée sous l’ère Bongo. Parmi les grands dossiers qui attendent le nouveau chef d’État figurent la lutte contre la corruption endémique et la nécessité urgente d’une réforme profonde de l’administration publique. Le Gabon, autrefois considéré comme un bastion de stabilité économique grâce à ses ressources pétrolières abondantes, a vu ses performances économiques décliner progressivement, minées par une mauvaise gestion des finances publiques et des pratiques généralisées de corruption.
Le chômage chronique des jeunes constitue également un enjeu majeur auquel devra s’attaquer rapidement le président fraîchement investi. Avec un taux de chômage alarmant dans cette tranche de la population, la jeunesse gabonaise demeure désenchantée et sceptique quant aux promesses politiques récurrentes. Brice Clotaire Oligui Nguéma devra donc rapidement passer à l’action afin de regagner la confiance d’une jeunesse avide d’opportunités et d’un avenir meilleur.
La cérémonie d’investiture de ce samedi ouvre ainsi un nouveau chapitre politique pour le Gabon, riche en attentes et en défis colossaux. Si le général Oligui Nguéma a su s’imposer comme l’homme providentiel aux yeux d’une large majorité d’électeurs, sa présidence devra néanmoins prouver qu’elle peut dépasser les ombres persistantes de son accession au pouvoir et mener à bien les profondes réformes nécessaires à la renaissance politique, économique et sociale du pays.