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En Afrique de l’Ouest, la résistance culturelle et religieuse contre le tabac est forte

– Dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, fumer en public est considéré comme une honte, à la fois pour des raisons culturelles et religieuses

Dans certaines régions du Nigeria, notamment celles à majorité musulmane, les sensibilités religieuses et culturelles influencent fortement la perception du tabac. De nombreux érudits islamiques considèrent la cigarette comme un péché (haram), tandis que le rejet de l’héritage colonial pousse également à une attitude distante vis-à-vis du tabac.

La consommation de cigarettes reste faible dans le pays, freinée aussi par la pression sociale qui décourage largement cette habitude.

Selon les données du Comité national nigérian de contrôle du tabac (NTCC), le taux global de consommation de tabac y reste inférieur à 5 %, un chiffre bien en deçà de la moyenne de nombreux pays africains.

À Abuja, la capitale, Mallam Ibrahim — un ancien fumeur — a partagé son expérience avec un journaliste d’ Anadolu, soulignant l’impact social de l’arrêt du tabac.

« Lorsque j’ai commencé à fumer, la réaction fut très forte »

Ayant commencé à fumer jeune, Ibrahim explique qu’il a finalement abandonné cette habitude face aux réactions négatives de son entourage.
« Même si personne ne me disait rien directement, les regards et le silence en disaient long. À la mosquée, je sentais que les gens s’éloignaient de moi. »

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Outre la pression sociale, les avis des érudits religieux déclarant le fait de fumer la cigarette comme un péché en islam, ont également influencé sa décision.

« J’ai compris que mon comportement allait à l’encontre de ma foi. Les gens qui m’aiment m’ont conseillé. Pour des raisons de santé autant que spirituelles, j’ai décidé d’arrêter. »

Une habitude perçue comme héritée du colonialisme

De nombreux Nigérians estiment que le tabagisme s’est imposé durant la période coloniale britannique, et qu’il ne fait pas partie de leur culture.
Ibrahim abonde en ce sens : « Nous ne considérons pas la cigarette comme un élément de notre culture. C’est une habitude venue de l’Occident, et cela suffit à la rendre suspecte. »

Selon lui, les colons britanniques ont introduit la cigarette et l’alcool dans la société nigériane, mais les générations précédentes ont toujours vu ces pratiques comme des éléments de cultures étrangères.

« Arrêtez avant d’être dépendants »

Aujourd’hui, Ibrahim sensibilise les jeunes de son entourage aux méfaits du tabac.

« Je leur dis toujours : ne commencez même pas. Car une fois l’habitude prise, il est difficile de s’en défaire. Si vous voulez être respectés dans la société, évitez ce genre de pratiques. »

Au Sénégal, interdiction de fumer dans les lieux religieux

Au Sénégal, qui compte environ 18 millions d’habitants, le taux de tabagisme reste lui aussi faible par rapport à la moyenne mondiale.

Selon les données de l’Enquête mondiale sur le tabac chez les adultes, de 2023, 6 % de la population consomme du tabac, et les décès liés au tabac représentent 2,9 % des statistiques globales de mortalité.

Dans ce pays où 95 % de la population est musulmane, certaines confréries religieuses interdisent strictement la cigarette dans les villes qu’elles considèrent comme sacrées.

À Touba, ville sainte de la confrérie mouride, fumer est strictement prohibé.
De même, à Tivaouane, haut lieu de la confrérie tijane, la cigarette est également bannie.

À Dakar, dans le quartier de Cambérène où est née la confrérie Layène, il est aussi interdit de fumer. Les Sénégalais évitent en général de fumer à proximité des mosquées ou lieux de culte.

L’Afrique reste le continent où l’on fume le moins

L’Afrique affiche encore aujourd’hui le taux de tabagisme le plus bas du monde, mais les experts avertissent que l’industrie du tabac cible de plus en plus sa jeunesse croissante.

Selon les données de l’OMS pour 2020, seulement 10,3 % de la population africaine fume, contre une moyenne mondiale de 22,3 %.

Depuis 1990, le nombre de fumeurs a cependant augmenté de près de 75 % en Afrique subsaharienne.

En 2015, environ 66 millions de personnes y fumaient ; ce chiffre pourrait atteindre les 84 millions en 2025.

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