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Djibouti : un projet soutenu par la BAD renforce la résilience climatique des femmes rurales

« Avant, cultiver était un rêve inaccessible. Aujourd’hui, je nourris mes enfants grâce à la terre. » Ces mots d’Assia Obakar Hassan, une mère de famille du village de Kalaf, incarnent la profonde transformation dont bénéficie une partie du nord rural de Djibouti grâce à un projet régional exécuté par l’Agence intergouvernementale de développement (sigle en anglais : IGAD) avec le financement de la Banque africaine de développement (BAD) à travers le Fonds pour les changements climatiques en Afrique (FCCA).

Dans cette région vulnérable aux sécheresses, à l’insécurité alimentaire et à la pauvreté rurale, l’accès sécurisé à la terre représente bien plus qu’un droit foncier : c’est un outil d’adaptation au changement climatique et un levier d’émancipation économique pour des centaines de femmes.

Une terre, une dignité retrouvée

À Kalaf et Dafenaytou, les conditions de vie ont été bouleversées par l’introduction de potagers familiaux, de parcelles fourragères, d’outils agricoles adaptés et de formations pratiques. L’objectif : faire de l’agriculture locale un pilier de résilience, en commençant par celles qui la portent au quotidien.

« Nous n’avions ni droit à la terre, ni matériel, ni formation. Aujourd’hui, tout a changé », explique Fatouma Ali Aden, mère de trois enfants à Dafenaytou. « Nos enfants mangent des légumes frais, et nous avons cessé de dépendre des marchés extérieurs. »

Chaque foyer possède désormais son propre espace de production. « Grâce à ces jardins, nous avons retrouvé notre autonomie », ajoute Djilani Ali Ahmed, leader communautaire à Kalaf. « Les femmes gèrent leur production, leurs revenus et contribuent à l’économie du village. »

Une gouvernance agricole portée par les femmes 

Le projet ne s’est pas limité à la production : il a transformé la gouvernance locale. À Dafenaytou, la coopérative agricole compte plus de 70 membres, dont une majorité de femmes, et son comité est composé à 50 % de représentantes féminines.

« Les femmes ne sont plus seulement des travailleuses, ce sont des décideuses », souligne Ali Kamil Mohamed, responsable de la coopérative. « Leur vision pratique et leur engagement ont amélioré l’efficacité de toutes nos actions. »

Ce changement d’approche a permis une meilleure adéquation entre les besoins du terrain et les solutions proposées, consolidant la durabilité du projet.

Santé, sécurité et éducation : des effets en cascade

Les retombées sociales du projet sont notables : hygiène, nutrition, stabilité économique. L’introduction de semences résistantes, de systèmes d’irrigation simples et de brouettes a réduit la pénibilité du travail et sécurisé l’approvisionnement alimentaire des foyers.

« Nous avons désormais des réserves d’herbe pour nos bêtes, des légumes pour nos repas, et même un petit surplus à vendre », témoigne Mohamed Soumbourouh Ibiro. « C’est une source de fierté et de sécurité. »

L’école locale de Dafenaytou a également noté une amélioration de la fréquentation et de la concentration des enfants, notamment des filles, libérées des corvées de recherche d’eau ou de nourriture.

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Ce projet illustre pleinement les priorités stratégiques de la Banque africaine de développement, en particulier les piliers “High 5” : améliorer la qualité de vie des populations africaines, promouvoir l’égalité de genre, assurer la sécurité alimentaire et bâtir la résilience climatique.

« Ce projet nous a donné la preuve que c’est possible », conclut Assia Obakar Hassan. « Avec un peu d’aide, nous pouvons transformer nos villages, nourrir nos familles et transmettre des terres fertiles à nos enfants. »

Alors que les défis climatiques s’intensifient dans la Corne de l’Afrique, Kalaf et Dafenaytou montrent la voie. Le projet IGAD/BAD n’a pas seulement apporté de l’eau, des semences ou des formations : il a redonné de la dignité, de la confiance et une voix aux femmes rurales.

Dans ces villages où chaque goutte d’eau compte, la terre est devenue un symbole de vie, d’espoir et de résilience.

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