Face à l’escalade des tensions franco-algériennes, la France a mis à exécution sa promesse de réponse immédiate en expulsant du territoire les agents algériens titulaires de passeports diplomatiques ne disposant pas de visa. Une décision qui résonne fortement dans une relation bilatérale marquée par des tensions persistantes et un passé diplomatique complexe.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé ce mercredi 14 mai sur BFMTV l’expulsion de nouveaux diplomates algériens, en réponse au renvoi, survenu lundi, de plusieurs fonctionnaires français en poste à Alger – une « décision injustifiée et injustifiable », a-t-il dénoncé.
« Notre réponse est immédiate, ferme et strictement proportionnée à ce stade. Elle consiste à exiger le retour en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques ne disposant pas actuellement de visa », a précisé le ministre.
Pour rappel, Jean-Noël Barrot avait promis le 12 mai une réaction rapide à ce qu’il avait qualifié d’expulsion « incompréhensible et brutale » de la part d’Alger. « Cette situation est la conséquence d’une décision unilatérale et brutale des autorités algériennes, qui ont expulsé douze de nos agents », avait-il déclaré.
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Selon le Quai d’Orsay, le chargé d’affaires algérien a été convoqué mardi afin de lui notifier officiellement la décision de réciprocité. « Nous lui avons également indiqué que nous nous réservons la possibilité de prendre d’autres mesures, en fonction de l’évolution de la situation », a ajouté Jean-Noël Barrot.
Le ministre a enfin regretté une décision « absolument » contraire aux intérêts des deux pays : « Elle contrevient aux accords qui régissent notre relation. Ce n’est dans l’intérêt ni de la France, ni de l’Algérie. »
À noter que depuis le premier rapatriement d’agents français décidé par Alger, l’ambassade de France en Algérie est dirigée par un chargé d’affaires, en l’absence de l’ambassadeur Stéphane Romatet.
La situation à Alger n’est d’ailleurs pas très différente de celle observée en France. En effet, le chargé d’affaires de l’ambassade de France a été convoqué par le ministère algérien des Affaires étrangères pour être informé d’une nouvelle décision de rapatriement, cette fois concernant 15 fonctionnaires français, le dimanche 11 mai.
Du côté algérien, les autorités justifient ces mesures par le fait que les agents concernés auraient été affectés « dans des conditions irrégulières » et doivent donc « faire l’objet d’un rapatriement immédiat vers leur pays d’origine ». La presse locale précise que « ces agents assuraient des fonctions diplomatiques ou consulaires sans que leurs affectations n’aient fait l’objet, au préalable, de notifications officielles ni de demandes d’accréditation appropriées, comme l’exigent les procédures en vigueur ».
Selon Alger, ces expulsions s’inscrivent dans le cadre du respect strict de la souveraineté nationale.