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Crise de l’eau : l’Afrique centrale face à une grande menace d’ici 2050

Face à la menace croissante d’une crise mondiale de l’eau d’ici 2050, l’Afrique se retrouve en première ligne. Selon les projections des Nations unies, des centaines de millions d’Africains pourraient être confrontés à une pénurie d’eau, aggravant les risques de migrations climatiques massives et de tensions géopolitiques autour des ressources hydriques. D’ici là, des millions de personnes sur le continent pourraient être déplacées, uniquement pour accéder à l’eau, une denrée de plus en plus rare et convoitée.

Pourtant, l’Afrique centrale abrite deux des plus puissants fleuves du continent : le Congo et l’Oubangui. À lui seul, le fleuve Congo pourrait irriguer jusqu’à un tiers de la région, selon les experts. Ce paradoxe a poussé l’Union africaine et les grandes institutions financières à agir.

Dans ce contexte d’urgence et d’espoir mêlés, la Banque Africaine de Développement (BAD) vient de franchir une étape décisive. Le 8 mai 2025, le Parlement de la République démocratique du Congo a approuvé un prêt de 27,5 milliards FCFA (46,6 millions USD) accordé par la BAD, dans le cadre du Programme régional d’appui au développement des infrastructures et à la valorisation des ressources en eau transfrontalières entre la RDC et la République centrafricaine (RCA), également appelé PREDIRE.

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Ce programme, centré sur le bassin transfrontalier de l’Oubangui, vise à renforcer la résilience des populations face aux défis liés à l’eau, à la sécurité alimentaire et au climat. Il s’articule autour de trois axes : la valorisation durable de la ressource en eau partagée, le développement d’infrastructures résilientes pour les usages domestiques et agricoles, et le renforcement des capacités institutionnelles à l’échelle locale et régionale. Le PREDIRE vise à exploiter de manière durable les ressources du bassin de l’Oubangui, un affluent stratégique du fleuve Congo, qui relie les deux pays.

Un financement structuré et collaboratif

Le coût total du projet PREDIRE est estimé à 152,4 milliards FCFA, soit environ 257,6 millions de dollars américains. En plus de la Banque Africaine de Développement (BAD), principal bailleur à travers son Fonds africain de développement (134 millions USD), plusieurs partenaires internationaux soutiennent l’initiative : le Fonds OPEP (24,9 millions USD), l’Union européenne (54,9 millions USD) et le Fonds pour l’environnement mondial (34,9 millions USD).

Les travaux concerneront trois provinces congolaises (Nord-Ubangui, Sud-Ubangui et Mongala) et trois préfectures centrafricaines (Ouham, Ouham-Pendé, Ombella-Mpoko). À terme, près de 2,4 millions de personnes (dont 51 % de femmes) bénéficieront d’un accès durable à l’eau potable, un levier fondamental pour la santé publique, l’éducation, l’agriculture et la stabilité sociale.

La situation chaotique de l’eau dépasse le simple accès : il s’agit d’un enjeu stratégique de souveraineté et de sécurité. Cette initiative marque une inflexion majeure vers une gestion intégrée et concertée des ressources hydriques en Afrique centrale. À l’heure où les projections mondiales alertent sur une « guerre de l’eau », des projets comme PREDIRE incarnent une réponse proactive et durable, en phase avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

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