COVID-19: L’Afrique subsaharienne face à une « menace sans précédent »

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La pandémie de COVID-19 menace d’infliger des pertes énormes en vies humaines et la crise économique qui en résulte risque d’annuler les progrès accomplis récemment sur le plan du développement en Afrique subsaharienne, a indiqué mercredi le Fonds monétaire international (FMI).

« L’Afrique subsaharienne est confrontée à une crise sanitaire et économique sans précédent« , a estimé l’institution financière internationale dans un rapport sur les perspectives économiques régionales pour le mois d’avril.

L’économie de la région devrait se contracter de 1,6 % en 2020 et le revenu réel par habitant devrait baisser encore plus, de 3,9 % en moyenne, a ajouté la même source relevant qu’il sera « crucial » de recevoir de l’aide des partenaires internationaux au développement pour répondre aux besoins de financement, y compris un allégement de la dette pour les pays les plus vulnérables. Il convient d’utiliser la politique macroéconomique pour protéger les groupes vulnérables, atténuer les pertes économiques et favoriser la reprise, a en outre souligné le FMI. « Le monde fait face à un défi sans précédent, et l’Afrique subsaharienne ne sera pas épargnée« , a déclaré le directeur du département Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie.

« Tout semble indiquer que la pandémie de COVID-19 infligera des pertes énormes en vies humaines et entraînera une grave crise économique. La région est confrontée à un effondrement de la croissance économique, à un resserrement des conditions financières, à une forte baisse des prix des principaux produits exportés et à de graves perturbations de l’activité économique dues aux mesures qui ont dû être adoptées pour maîtriser l’épidémie. En conséquence, nous prévoyons maintenant pour la région une contraction de 1,6 % cette année, soit le pire résultat jamais enregistré« , a-t-il dit.

Dans ces conditions. M. Selassie appelle à prendre des mesures décisives pour limiter les coûts humains et économiques de la crise. Selon le FMI, la priorité immédiate consiste à tout faire pour accroître les dépenses publiques de santé afin de contenir l’épidémie, et apporter une aide considérable en temps voulu sous forme de transferts monétaires ou d’aides en nature en faveur des ménages vulnérables, ou d’aides ciblées et temporaires aux secteurs durement touchés.

« La capacité des pays de mettre en place une riposte adéquate dépendra dans une large mesure de leur accès à des financements concessionnels de la communauté internationale« , a rappelé l’institution internationale qui a également insisté que les politiques monétaires et financières peuvent aussi jouer un rôle important pour aider les entreprises et l’emploi. « Un effort coordonné de tous les partenaires au développement sera essentiel à l’appui de ces mesures prises au niveau national. Le FMI coopère étroitement avec ses partenaires (Banque mondiale, Organisation mondiale de la santé, Banque africaine de développement et Union africaine) pour riposter rapidement et efficacement à cette crise« , indique-t-on.

Le FMI va fournir environ 11 milliards de dollars à 32 pays d’Afrique subsaharienne qui ont sollicité une aide au cours des dernières semaines : des décaissements ont déjà été effectués en faveur du Burkina Faso, du Gabon, du Ghana, de Madagascar, du Niger, du Rwanda, du Sénégal, du Tchad et du Togo.

« En outre, un allégement de la dette immédiat est accordé aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables au titre du fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes du FMI: des ressources peuvent ainsi être dégagées pour les dépenses de santé et de protection sociale« , relève la même source. Face à l’actuelle crise sans précédent, la Banque mondiale et le FMI ont appelé aussi les créanciers bilatéraux officiels à alléger la dette des pays à faible revenu qui demandent un délai de grâce.