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Côte d’Ivoire : Ouattara candidat à sa propre succession

L’attente avait alimenté toutes les supputations dans les cercles politiques ivoiriens depuis plusieurs mois. Elle s’est achevée ce mardi soir, à travers une déclaration solennelle diffusée à la télévision nationale. Alassane Dramane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire depuis 2011, a annoncé qu’il briguerait un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle prévue en octobre prochain.

À 83 ans, le chef de l’État sortant justifie sa décision par la nécessité de « préserver la paix, la sécurité et la prospérité » du pays. « Je suis candidat, parce que je veux que notre chère Côte d’Ivoire continue de demeurer un pays prospère, en paix et en sécurité », a-t-il déclaré dans une allocution empreinte de gravité, sans effets de manche mais avec une volonté manifeste de clore le débat sur ses intentions.

Ce revirement, ou plutôt cette confirmation, intervient après des mois de silence mesuré. Alassane Ouattara, qui avait évoqué à plusieurs reprises la nécessité d’un renouvellement générationnel, semble avoir écarté cette option face aux incertitudes régionales, à la fragmentation de l’opposition et aux divisions internes au sein de son propre camp, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Selon plusieurs sources proches du palais présidentiel, cette décision serait également motivée par les risques de succession non maîtrisée, dans un contexte régional marqué par les tensions politiques et sécuritaires au Sahel et dans le Golfe de Guinée.

Le chef de l’État avait déjà suscité la controverse en 2020, lorsqu’il avait décidé de se représenter après la mort subite de son dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly. Bien que sa candidature à un troisième mandat ait été validée par le Conseil constitutionnel, elle avait ravivé les critiques de ses opposants, qui y voyaient une violation de l’esprit de la Constitution adoptée en 2016.

Un quatrième mandat sous tension

La candidature de M. Ouattara intervient dans un climat politique fragile. Si la Côte d’Ivoire a enregistré une croissance économique soutenue ces dernières années – autour de 6 % en moyenne selon la Banque mondiale – le pays reste marqué par des fractures politiques anciennes, issues de la guerre civile de 2002-2011 et des élections contestées. En 2020, l’annonce de sa candidature pour un troisième mandat avait provoqué des manifestations violentes et une centaine de morts.

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La commission électorale indépendante (CEI), dont l’impartialité est régulièrement remise en cause par l’opposition, est attendue au tournant. L’organisation d’un scrutin libre, transparent et apaisé constituera l’un des principaux défis des mois à venir. Les partis d’opposition, dont le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Henri Konan Bédié – aujourd’hui orphelin de son fondateur – et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, restent divisés sur la stratégie à adopter face à un président sortant que beaucoup estiment quasiment imbattable à l’issue d’un scrutin uninominal à un seul tour.

Avec cette annonce, Alassane Ouattara rejoint les dirigeants africains ayant prolongé leur maintien au pouvoir au-delà de trois mandats, à l’instar de Paul Biya au Cameroun ou Yoweri Museveni en Ouganda. Une trajectoire qui tranche avec ses engagements passés : en mars 2020, il avait publiquement annoncé qu’il ne se représenterait pas et qu’il laisserait place à une nouvelle génération.

Mais ses partisans arguent de la stabilité macroéconomique, des investissements massifs en infrastructures et de l’amélioration de la gouvernance comme autant de justifications pour cette continuité.

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