Le Salon International de l’Agriculture et des Ressources Animales (SARA), tenu à Abidjan du 23 mai au 1er juin 2025, a consacré la Chine comme invitée d’honneur, actant une intensification de la coopération agricole entre Pékin et Abidjan. Ce rapprochement illustre les ambitions croissantes de la Côte d’Ivoire de devenir un pôle de transformation agro-industrielle en Afrique de l’Ouest, tout en valorisant son immense potentiel foncier encore sous-exploité.
Avec près de 60 % de terres arables disponibles et des performances agricoles déjà bien établies, la Côte d’Ivoire se positionne comme un acteur central dans la refonte des systèmes alimentaires du continent. À l’inverse, la Chine, malgré une pression démographique sans précédent et une faible part de terres cultivables (à peine 7 %), a réussi à nourrir 1,4 milliard d’habitants grâce à des politiques agricoles fondées sur la technologie, la planification et la transformation locale. Cette complémentarité structurelle alimente une coopération désormais stratégique.
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Le partenariat agricole sino-ivoirien ne date pas d’hier, mais il entre aujourd’hui dans une nouvelle phase d’industrialisation et de transfert de compétences. L’exemple du centre rizicole de Guiguidou, où des variétés à haut rendement issues de la recherche chinoise ont permis d’accroître significativement la productivité locale, cristallise cette dynamique de codéveloppement. L’accent est mis sur la « valeur ajoutée locale » : transformation sur place du cacao, du caoutchouc, de l’huile de palme et, désormais, du manioc et de la noix de cajou.
Lors de la « Journée de la Chine » organisée dans le cadre du SARA 2025, des technologies agricoles de pointe ont été dévoilées. L’agriculture dite « intelligente » — intégrant l’irrigation automatisée, la collecte de données par capteurs et la modélisation climatique — a retenu l’attention des acteurs locaux. Des accords de coopération ont été signés pour soutenir ces transferts technologiques, accélérant la montée en gamme de l’agriculture ivoirienne.
Représentant 60 % des emplois et 23 % du PIB, l’agriculture reste l’épine dorsale de l’économie ivoirienne. Mais sa transformation structurelle est devenue un impératif. Trop longtemps cantonnée à l’exportation de matières premières brutes — cacao, café, coton — l’économie agricole du pays subit la volatilité des cours mondiaux et la faiblesse des chaînes de valeur locales.
Le partenariat avec la Chine apparaît ainsi comme un levier pour passer d’un modèle extractif à un modèle transformateur. Pékin investit non seulement dans la production agricole mais également dans les unités de transformation, les infrastructures logistiques et les centres de formation. Une approche cohérente avec les engagements du Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC), qui prévoit notamment le soutien à la modernisation des filières cacao, café et noix de cajou.