Corne de l’Afrique: la pire sécheresse en 40 ans vide rivières et écoles

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Par Hakim ENNADI

La plus grave depuis 40 ans, la sécheresse qui frappe actuellement la Corne de l’Afrique, a asséché les ressources en eau, chassé des milliers d’agriculteurs de leurs propres terres et vidé les écoles de leurs élèves.

L’Ethiopie, le Kenya et la Somalie font face à une sécheresse qui préoccupe les organisations humanitaires, avec plus de 20 millions de personnes menacées de faim, et environ 5,7 millions d’enfants souffrant de malnutrition aiguë, selon les chiffres de l’ONU.

A cause de cette situation, de nombreux enfants de la région ont été contraints de déserter les écoles, tantôt en raison des déplacements forcés de leurs familles, tantôt parce qu’ils sont occupés à aller chercher de l’eau à plusieurs kilomètres de leur village.

Plusieurs enseignants constatent impuissants le nombre de leurs élèves se réduire de jour en jour. Selon des projections, 420.000 enfants somaliens risquent d’abandonner l’école car les moyens de subsistance sont détruits, entraînant les élèves dans une lutte quotidienne pour la nourriture.

Selon un récent rapport onusien, plus de 80 écoles ont été fermées dans les États du Jubaland et du Galmudug, tandis que 97 autres risquent de subir le même sort, ce qui se traduit par la déscolarisation de 45.000 élèves.

Bien que les deux sexes soient concernés par la déscolarisation due à la sécheresse, les filles sont généralement plus susceptibles de quitter les bancs de l’école pour être mariées, soit pour la dot qui doit être versée à la famille, ou tout simplement pour alléger la pression économique subie par le foyer.

En plus de vider les écoles, la pire sécheresse jamais connue dans la Corne de l’Afrique depuis au moins quatre décennies et les températures étouffantes ont asséché lacs, rivières et barrages, mettant 15 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Si le changement climatique n’a pas causé la sécheresse, il a, de toute évidence, contribué à son aggravation, bien que la région soit l’une des moins responsables du phénomène, étant à l’origine de seulement 0,1 % des émissions mondiales de carbone.

La Corne de l’Afrique a connu trois mauvaises saisons pluvieuses de suite, alors qu’une quatrième, qui est en cours, devrait avoir des conséquences dévastatrices. Une situation qui a poussé l’ONU à tirer la sonnette d’alarme en appelant à des aides urgentes.

En effet, de retour d’une visite récente au Kenya, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, a affirmé que « plus de 18 millions de personnes en Ethiopie, en Somalie et au Kenya sont touchées par la sécheresse. La plupart d’entre elles se réveillent affamées et ne savent pas si elles vont manger ce jour-là ou non. »

De son côté, l’agence de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha) souligne que près de 40% de la population de la Somalie fait face à des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine.

Une situation qui risque de perdurer à en croire les prévisions de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui prévient que la saison des pluies 2022 (mars-mai) sera « la plus sèche jamais enregistrée, dévastant les moyens de subsistance et entraînant une forte augmentation de l’insécurité alimentaire, hydrique et nutritionnelle ».

Lundi, l’OMM, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ont publié un rapport alarmant, faisant état d’un événement climatique inédit depuis au moins quatre décennies, après que quatre saisons des pluies consécutives ont fait défaut, alors que les dernières prévisions saisonnières à long terme indiquent qu’il existe un risque concret que la prochaine saison des pluies d’octobre-décembre échoue également.

A cet effet, les agences onusiennes ont appelé à une intensification rapide des actions pour « sauver des vies et éviter la famine et la mort », plaidant pour une hausse immédiate de la réponse financière dans la Corne de l’Afrique afin d’éviter que l’urgence alimentaire ne se détériore en une situation encore plus désastreuse.

Avec MAP