COP15 : plus de 30 billions de dollars nécessaires pour atteindre les objectifs de la CNULCD et éviter des coûts plus élevés à terme

COP15

Il faudrait plus de 30 billions de dollars pour atteindre les objectifs de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), mais l’inaction pourrait coûter encore plus cher, ont souligné les participants à une session organisée en marge de la 15ème Conférence des parties (COP15) à la CNULCD.

Camilla Nordheim-Larsen, coordinatrice principale des partenariats et de la mobilisation des ressources à la CNULCD, a fait remarquer que le coût de 30 billions de dollars incluait une action dans le secteur foncier, qui pourrait générer 400 millions de nouveaux emplois.

L’objectif de développement durable pour la vie sur terre est le moins financé, mais il peut contribuer le plus à la résilience, a-t-elle déclaré, lors d’une session sur les mécanismes de financement innovants pour les paysages durables, organisé par la Banque africaine de développement (BAD) et ses partenaires, souligne la Banque dans un communiqué.

Le coût de l’objectif à atteindre peut sembler important, mais les gouvernements pourraient payer un prix encore plus élevé s’ils ne font rien.

«Les avantages de l’action contre la dégradation des terres l’emportent largement sur les coûts de la gestion durable des terres. En Afrique subsaharienne, c’est jusqu’à sept fois plus ! L’inaction coûte aux pays subsahariens 490 milliards de dollars par an, alors que selon l’initiative « Economics of Land Degradation », une action visant à inverser la dégradation des terres pourrait générer des bénéfices d’une valeur allant jusqu’à 1.400 milliards de dollars», a alerté Luc Gnacadja, ancien secrétaire exécutif de la CNULCD et ancien ministre de l’Environnement du Bénin, actuellement coprésident du Comité exécutif du mécanisme des avantages de l’adaptation.

De son côté, Rishabh Khanna, responsable principal chargé de l’impact chez Earthbanc et membre du comité directeur de l’Initiative of Land, Lives and Peace, a présenté une nouvelle initiative lancée conjointement avec la CNULCD à cette conférence sur les obligations foncières durables numériques, qui permettent aux acheteurs de carbone d’acheter à un stade plus précoce du développement.

«Le financement de la restauration des terres et des écosystèmes représente moins de 1 % de l’ensemble du financement climatique en raison de l’absence de produits universels du marché des capitaux pour ces activités. Cela s’explique en partie par le fait que le suivi, la notification et la vérification de la gestion durable des terres qui demandent beaucoup de travail, sont parfois imprécis et utilisent des méthodologies de mesure et de comptabilité fragmentées», a-t-il expliqué.

Le mécanisme des avantages de l’adaptation, piloté par la Banque africaine de développement pour la période 2019-2023, certifie et monétise les avantages environnementaux, sociaux et économiques des mesures d’adaptation, notamment pour les paysages durables et résilients, note la même source.

«Contrairement à l’atténuation, où la rentabilité est le facteur déterminant pour les investissements, les revenus tirés de la monétisation des avantages de l’adaptation sont susceptibles d’être dirigés vers des actions dans les communautés vulnérables qui sont les plus nécessaires, parce qu’elles offrent des histoires convaincantes », a indiqué Gareth Philips, responsable du financement climatique et environnemental à la BAD.

Pour sa part, Peter Minang, directeur pour l’Afrique du Centre international d’agroforesterie et coordinateur mondial de ASB Partenariat pour les marges des forêts tropicales, a visualisé le rôle révolutionnaire que les mesures d’agroforesterie durable et les meilleurs environnements peuvent avoir dans l’autonomisation des communautés locales à travers une vidéo d’étude de cas sur le financement des entreprises forestières communautaires durables au Cameroun.

«Nous sommes la première organisation à piloter le mécanisme des avantages de l’adaptation par le biais d’un projet dans le secteur du cacao en Côte d’Ivoire. Au Cameroun, nous utilisons une approche similaire et des mesures plus concrètes ont déjà été prises pour permettre la certification dans un avenir proche, qui peut apporter de nouveaux financements pour le développement de systèmes agroforestiers durables et résilients pour les communautés locales», a indiqué M. Minang.

Et d’ajouter que «l’une de nos meilleures pratiques est l’utilisation de machines manuelles pour surveiller tous les indicateurs, que nous pourrions vérifier une fois par an, par exemple avec la technologie de télédétection et de satellite d’Earthbanc».

Avec MAP