La coopération entre l’Afrique et l’Union européenne (UE) est appelée, plus que jamais, à être renforcée davantage, à travers notamment un partenariat commercial plus équitable, un soutien accru de l’intégration régionale africaine et un renforcement du dialogue politique et diplomatique bilatéral, les deux parties étant confrontées à des défis communs qui nécessitent une réponse concertée et coordonnée, a souligné, lundi à Rome, l’ambassadeur du Maroc en Italie, M. Youssef Balla.
S’exprimant lors d’un séminaire sur le partenariat Afrique-UE et le rôle de l’Italie, M. Balla a appelé au renforcement de la coopération bilatérale, à la faveur de l’instauration d’un partenariat plus équitable, en réformant les accords commerciaux pour favoriser l’industrialisation africaine et réduire la dépendance aux exportations en matières premières, et la promotion des mécanismes d’investissements adaptés, tout en invitant l’UE à soutenir davantage les infrastructures, l’innovation et la formation en Afrique pour renforcer la croissance et l’emploi.
Le diplomate marocain a, de même, plaidé pour que l’UE partage son expérience en matière d’intégration économique et institutionnelle pour aider à renforcer l’Union Africaine et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Il a, à cet égard, appelé à connecter, à terme, le marché intérieur européen à la ZLECAF et mettre en place un vaste espace de libre échange couvrant la majeure partie des continents africain et européen.
L’ambassadeur n’a pas manqué d’insister sur l’importance de promouvoir la coopération numérique et technologique à travers le transfert de technologies et le renforcement des compétences numériques, à même de réduire la fracture technologique entre les deux parties, tout en renforçant le dialogue politique et diplomatique, l’objectif étant de mieux associer les pays africains aux décisions stratégiques pour éviter « une relation perçue comme déséquilibrée ».
Après avoir relevé le caractère « asymétrique » dans le partenariat Afrique-UE, M. Balla a indiqué qu' »on ne peut pas parler d’un modèle unique pour tout le continent » puisqu’il « diffère d’une région à l’autre ».
« Le partenariat avec les pays du nord de l’Afrique, englobé dans le processus euro-méditerranéen, diffère de celui des pays de l’Afrique sub-saharienne, variant entre les accords de libre échange et de statut avancé -le cas du Maroc-, des accords commerciaux et des régimes préférentiels, comme l’initiative +Tout sauf les armes+ », a tenu à préciser le diplomate.
L’ambassadeur a évoqué les inégalités commerciales notamment les exportations de l’Afrique vers les pays UE qui représentent à peu près 30% des exportations totales africaines, dont 80% de matières premières et le reste des produits manufacturiers.
Il a, toutefois, souligné que malgré « ces dysfonctionnements », l’Afrique et l’UE sont confrontés à des défis communs nécessitant une réponse concertée et coordonnée, dont la sécurité et lutte contre le terrorisme, les effets du changement climatique et l’accès aux ressources naturelles et la transition énergétique.
Au volet de la migration et la mobilité, M. Balla a estimé que la gestion des flux migratoires reste un point central du dialogue entre les deux continents, relevant que l’UE cherche à limiter la migration irrégulière, alors que l’Afrique insiste sur la nécessité de voies légales et de solutions économiques durables.
Le diplomate marocain a insisté sur l’importance de déconstruire le discours « fallacieux et alarmiste » autour du prétendu danger de l’immigration, rappelant que « les migrants nord-nord et nord-sud représentent à peu près 60 millions de personnes, et ceux sud-nord à peu près 95 millions, par contre les migrants sud-sud sont de l’ordre de 105 millions de personnes ».
Évoquant le Plan Mattei, M. Balla a indiqué que cette initiative concorde avec les visions stratégiques du Maroc à l’égard de l’Afrique, parmi lesquelles l’Initiative Royale pour le Sahel, qui vise à donner un accès maritime aux pays sahéliens à travers le port de Dakhla dans le Sahara marocain, ou encore le gazoduc Nigeria-Maroc, long de 6.000 kilomètres, qui bénéficiera à 13 pays africains sur la façade atlantique.
Le Maroc, a-t-il poursuivi, représente une grande opportunité pour la réussite du Plan Mattei, grâce à la position géographique du Royaume, ses infrastructures, son partenariat consolidé avec l’UE, ainsi que son statut de membre et de participant actif au développement du continent en tant que deuxième pays africain en termes d’investissement et de coopération au développement en Afrique.
Ce séminaire, marqué par la participation du vice-président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, a été organisé par le département des relations internationales du parti Forza Italia et le groupe Parti Populaire Européen (PPE) au Parlement européen.