Alors que la France serre la vis contre le démarchage téléphonique, une autre réalité se dessine à des milliers de kilomètres. Les centres d’appels font vivre des milliers de jeunes. Entre incertitude et adaptation, le secteur s’interroge : comment rebondir face à une loi qui pourrait tout faire basculer ?
Dans de nombreux centres d’appels répartis à travers l’Afrique francophone, des opérateurs alignés sur de petits bureaux passent des appels en continu, majoritairement à destination de la France. Ces activités, centrées sur la prospection commerciale, consistent à proposer des offres d’électricité, de gaz, d’accès à Internet ou encore des promotions diverses à des particuliers.
Cependant, ce modèle pourrait bientôt s’effondrer. La récente adoption par le Parlement français d’une loi visant à interdire le démarchage téléphonique non sollicité, avec une entrée en vigueur prévue en août 2026, suscite une vive inquiétude. L’objectif affiché de cette loi est de protéger les consommateurs français, souvent submergés par des appels de démarchage intrusifs. Mais ses répercussions risquent d’être sévères pour des milliers de salariés africains.
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Dans certains pays, le secteur des centres d’appels représente une source d’emploi importante, mobilisant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Beaucoup d’entreprises y fonctionnent presque exclusivement grâce au démarchage téléphonique. Selon les experts du secteur, dans certaines structures, les responsables craignent un impact direct et massif sur l’emploi, avec la possible suppression de centaines de postes, si les activités ne peuvent être redéployées.
Certaines entreprises expliquent que leur cœur de métier repose entièrement sur la prospection commerciale vers la France, dans des domaines comme la fourniture d’énergie. Si la nouvelle réglementation est appliquée sans ajustement, l’activité pourrait fortement décliner, entraînant des licenciements.
Ce phénomène dépasse les frontières d’un seul pays. À travers plusieurs capitales africaines, de nombreuses entreprises sous-traitent des campagnes commerciales pour des clients français. Ce modèle d’offshoring commercial, en plein essor ces dernières années, repose sur une main-d’œuvre francophone qualifiée et des coûts de production compétitifs. Les opérateurs y assurent aussi bien des ventes que la réception d’appels, le service après-vente, ou encore la gestion de dossiers administratifs et de réclamations pour des institutions françaises.
Cette interconnexion rend les économies locales particulièrement vulnérables aux évolutions réglementaires décidées à Paris. Une modification des règles peut rapidement provoquer des perturbations majeures dans les pays partenaires.