La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) célèbre ce mardi 28 mai 2025 son 50e anniversaire, marqué par le passage d’un simple projet de coopération économique à un pilier incontournable de l’intégration politique, économique et sécuritaire du continent.
Fondée en 1975 à l’initiative de chefs d’État visionnaires tels que Yakubu Gowon (Nigeria) et Gnassingbé Eyadéma (Togo), cette organisation régionale est née du rêve d’une Afrique de l’Ouest unie, solidaire et prospère. Cette création visait à promouvoir une intégration économique régionale par la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, tout en favorisant le développement des échanges intrarégionaux.
Les pères fondateurs, parmi lesquels figurent également Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), Sékou Touré (Guinée) et Moussa Traoré (Mali), nourrissaient la vision d’un espace économique commun, cimenté par la solidarité régionale et l’autodétermination africaine.
L’expansion des compétences : de l’économie à la paix
Révisé en 1993, le traité de la CEDEAO élargit les missions de l’organisation au-delà du champ économique. Dans un contexte de conflits civils au Libéria, en Sierra Leone ou en Guinée-Bissau, la CEDEAO devient un acteur de la diplomatie sécuritaire, notamment par la création de la force d’intervention militaire ECOMOG (Economic Community of West African States Monitoring Group), en 1990, qui marque son engagement concret dans le rétablissement de la paix.
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Dans les décennies 2000 et 2010, l’organisation se dote de protocoles supplémentaires sur la démocratie et la bonne gouvernance. Elle joue un rôle central dans des transitions sensibles, comme en Côte d’Ivoire (2010), en Gambie (2017) ou au Mali (2020), en envoyant des missions de médiation et parfois des troupes pour garantir la stabilité institutionnelle.
Un demi-siècle plus tard : tensions, défis et espoirs
Ces dernières années, la CEDEAO a été mise à l’épreuve par une vague de coups d’État militaires au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger, pays qui ont décidé en 2024 de quitter l’organisation pour créer l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce retrait constitue l’une des plus graves crises internes de son histoire.
Face à ces défis, la CEDEAO se mobilise pour se réinventer. Une Commission de réforme est actuellement à l’œuvre pour renforcer la légitimité institutionnelle de l’organisation, repenser la coopération sécuritaire et relancer le projet de monnaie unique, l’Eco, dont le lancement a été plusieurs fois reporté.
Célébration du cinquantenaire : hommage et relance
La cérémonie officielle du 50e anniversaire, organisée aujourd’hui à Abuja, siège de la Commission de la CEDEAO depuis 1996, est placée sous le thème « Une CEDEAO des peuples : 50 ans d’intégration, 50 ans d’espoir ». Les chefs d’État présents vont rendre un hommage aux pères fondateurs et renouveler leur engagement en faveur de la vision d’une Afrique de l’Ouest intégrée, pacifique et prospère.
Présidée en 2025 par le Nigérian Bola Ahmed Tinubu, la CEDEAO reste forte de 11 États membres actifs et continue de jouer un rôle déterminant sur la scène régionale et continentale.
Agences,