Cabo Delgado, une province mozambicaine meurtrie par les attaques des insurgés

La province de Cabo Delgado, dans le Nord du Mozambique, est toujours en proie aux attaques des insurgés et à une crise humanitaire qui met en péril la vie de milliers d’habitants.

Depuis 2017, cette province riche en gaz et en pétrole a été le théâtre de violentes incursions commises par des militants du groupe Ahlu Sunna wal Jamaa, faisant des centaines de victimes et poussant des dizaines de milliers d’habitants à fuir la région.

Pour faire face à cette situation et apaiser les troubles récurrents, plus de 3.100 soldats de plusieurs Etats membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont été déployés dans la province.

Après plusieurs mois d’affrontements, l’armée mozambicaine a fait savoir, en décembre dernier, que les insurgés ont subi une lourde défaite avec la perte de plus de 90 % du territoire qu’ils contrôlaient.

Cependant, malgré ces succès militaires, les derniers rapports des ONGs internationales révèlent que la situation humanitaire demeure critique et que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer la sécurité des habitants.

Médecins sans frontières (MSF) a, ainsi, fait savoir que depuis septembre dernier, de multiples attaques ont eu lieu dans la région, provoquant le déplacement de milliers de personnes dans les districts de Macomia, Mocimboa da Praia et Muidumbe.

Rappelant que plus de 600.000 personnes sont toujours déplacées, l’organisation a ajouté que la plupart ont été témoins et victimes d’extrêmes violences et forcées de fuir à plusieurs reprises au cours des dernières années.

«Cela a eu un impact significatif sur la santé mentale de la plupart des familles de Cabo Delgado, dont beaucoup vivent encore dans la peur», a-t-elle déploré.

La sonnette d’alarme a été également tirée par le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui relève des Nations unies (ONU), faisant état d’une recrudescence des enlèvements perpétrés par des insurgés extrémistes.

« Le 20 septembre 2023, un groupe armé non étatique serait entré dans le village de Pangane, situé dans le district de Mocamia, où il aurait enlevé et contraint des membres de la communauté à rejoindre le groupe armé », a noté le Bureau dans un nouveau rapport.

Selon les médias locaux, les insurgés ont capturé au moins cinq personnes dans les districts de Macomia et Mocímboa da Praia, dans la province de Cabo Delgado, depuis le 16 octobre, alors qu’ils s’efforcent d’enrôler de nouvelles recrues pour renforcer leurs rangs.

Dans la même veine, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a fait savoir que Cabo Delgado, où se trouvent la plupart des personnes déplacées à l’intérieur du pays, compte le nombre le plus élevé de personnes nécessitant une aide alimentaire d’urgence.

«Un total de 863.000 personnes sont en phase 3 de l’Indice intégré de sécurité alimentaire (IPC, situation de crise), durant la période entre octobre 2023 et mars 2024, soit une hausse de 19% par rapport à l’année précédente», a-t-elle précisé.

En somme, même si les activités des insurgés ont été réduites grâce à l’intervention des forces de la SADC, les communautés locales continuent d’être terrorisées par des attaques sporadiques, souvent marquées par des enlèvements et des recrutements forcés.

L’accès aux soins de santé reste également un défi majeur, aussi bien dans les zones de déplacement que de retour, car la plupart des infrastructures ont été détruites, tandis que la plupart des victimes ont encore du mal à accéder à la nourriture, à l’eau potable, à un abri et aux services de base.