Le Bridge Africa Summit 2025 s’est achevé après trois jours de travaux au campus UM6P de Benguerir, rassemblant 130 jeunes venus de 25 pays africains. Ces participants, issus de trajectoires diverses mais confrontés à des défis similaires, ont formulé un appel collectif à un changement d’échelle dans les politiques publiques, les investissements, et les partenariats qui concernent la jeunesse africaine.
Sous le thème « Un nouveau leadership africain », cette édition a alterné temps de réflexion, de production collective et d’immersion dans des environnements d’innovation. Dix-huit ateliers et séances de travail, animés par des intervenants comme Amadou Diaw, Hamid Bouchikhi ou Lex Paulson, ont permis aux participants de confronter leurs expériences, d’analyser les freins structurels qui limitent leur action, et d’identifier des leviers concrets à activer.
Vingt-cinq projets ont été formulés pendant le sommet, certains en phase de prototypage, d’autres prêts à être testés dans des contextes locaux. Les échanges ont mis en lumière des décalages persistants entre les politiques conçues pour la jeunesse et les conditions effectives de sa participation.
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Les participants ont insisté sur la nécessité de traiter les jeunes non comme une variable démographique mais comme une force de conception, de négociation et de mise en œuvre. Le besoin de reconnaissance institutionnelle, de liberté de mouvement sur le continent, de systèmes éducatifs connectés à l’économie réelle, ainsi que l’accès à un financement aligné sur les cycles de vie des projets, sont revenus de manière récurrente dans les discussions.
« Ce que ces jeunes ont produit ici, en trois jours, dépasse le cadre d’un sommet. Ils ont su nommer les blocages, formuler des solutions, et proposer un cap. Et à l’UM6P, tout comme eux, nous avons la ferme conviction que leur force ne réside pas seulement dans leur nombre, mais au-delà, dans leur capacité particulière à relier l’idéal au concret, la critique à la proposition, et l’engagement au savoir. Bridge Africa 2025 est un appel, mais surtout un point de bascule », a déclaré Khalid Baddou, Chair du forum.
Les travaux ont permis de formuler une position commune sur des secteurs critiques. En agriculture, les propositions ont porté sur l’ajustement des mécanismes de financement au temps long de la production. En santé mentale, les discussions ont pointé l’absence d’infrastructures adaptées, notamment dans les universités et les milieux professionnels. Dans l’éducation, les participants ont insisté sur l’importance d’intervenir plus tôt dans les parcours, notamment entre 10 et 16 ans, avec des approches contextualisées.
D’autres groupes ont travaillé sur l’intégration des industries culturelles et sportives dans les plans de développement, la mobilité intra-africaine, la gouvernance de l’eau, ou encore la place des jeunes dans les dispositifs de paix et de sécurité.
Ces propositions ont été réunies dans un document intitulé « L’appel de Bridge Africa 2025», présenté en clôture du sommet. Il engage une méthode : partir des réalités du terrain, nommer les blocages, tester des réponses, documenter ce qui fonctionne, ajuster ce qui ne fonctionne pas. Par-dessus tout, il interpelle surtout les acteurs publics et privés à considérer la jeunesse comme partie prenante du présent, et non comme une promesse suspendue dans un avenir lointain.