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Algérie : Une économie sous tension face à la dépendance aux hydrocarbures

Confrontée à un commerce extérieur déséquilibré, à une dépendance tenace aux hydrocarbures et à des réformes structurelles au ralenti, l’Algérie multiplie les signaux d’alerte. Entre le recours à la planche à billets, la levée de capitaux sur les marchés internationaux et la lenteur de sa diversification économique, le pays demeure exposé aux chocs énergétiques et financiers.

Depuis quelques mois, l’Algérie multiplie les signaux d’alerte sur le front économique. Les dernières données publiées par l’Office national des statistiques (ONS) montrent une dégradation du commerce extérieur, notamment au premier trimestre 2025, les importations ont bondi de 19,4 %, atteignant 1.787 milliards de dinars (environ 13,7 milliards d’euros), tandis que les exportations reculaient de 5,8 %. Ce double mouvement creuse un déséquilibre commercial déjà préoccupant et met en lumière la persistance d’une économie peu diversifiée, encore largement dépendante des hydrocarbures, selon le rapport.

En effet, cette dépendance devient d’autant plus risquée que, dans un contexte mondial marqué par la volatilité des prix de l’énergie, tout recul des cours du pétrole ou du gaz pourrait fragiliser rapidement les finances publiques. Entre 2019 et 2023, les hydrocarbures ont représenté près de 47 % des recettes budgétaires et 83 % des exportations, selon les chiffres de la Banque Mondiale publiés en 2024. Or, les quotas de production imposés par l’OPEP+ et les variations des prix internationaux pèsent directement sur la croissance et les réserves de change.

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De même, les constats du FMI dans son rapport « Article IV 2025 » confirment cette vulnérabilité. L’institution souligne la nécessité de renforcer la résilience budgétaire, de diversifier l’économie et d’assouplir le taux de change pour amortir les chocs externes. Elle pointe également un déficit budgétaire élevé et une croissance hors hydrocarbures, bien que solide (+ 4,2 % en 2024), encore insuffisante pour absorber un chômage structurel élevé, en particulier chez les jeunes.

En parallèle, la Banque Mondiale, dans sa mise à jour économique du printemps 2025, prévoit un ralentissement de la croissance à 3,3 % cette année, sous l’effet du repli du secteur extractif. Même si le PIB hors hydrocarbures progresse (+ 4,8 % en 2024), l’essentiel des emplois reste concentré dans des secteurs à faible valeur ajoutée, freinant la montée en gamme de l’appareil productif. Le modèle actuel, largement soutenu par la dépense publique, peine à créer une dynamique durable.

Par ailleurs, malgré plus d’une décennie d’annonces portant sur la substitution aux importations et la mise en place d’un nouveau code d’investissement, les autorités peinent toujours à engager une véritable transition économique, en dépit de leurs discours répétés sur la souveraineté industrielle et la production nationale. Selon la Banque Mondiale, les résultats demeurent limités : la production manufacturière reste embryonnaire, l’environnement des affaires manque d’attractivité et la lourdeur administrative freine l’investissement privé.

À cette fragilité s’ajoute le retour au financement monétaire, communément appelé « planche à billets », que le pays avait déjà expérimenté entre 2017 et 2019. Ce recours, destiné à combler les déficits, risque de peser sur la stabilité monétaire et d’alimenter les pressions inflationnistes dans un contexte de hausse des importations, selon des études relayées par les médias. Parallèlement, l’Algérie a levé des fonds sur les marchés internationaux, accentuant sa dépendance extérieure et exposant son économie aux fluctuations des taux et aux conditions financières mondiales.

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