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Algérie : Trois ex-candidats à la présidentielle condamnés à dix ans de prison pour corruption

En Algérie, le verdict est tombé comme un couperet : trois anciens prétendants à la magistrature suprême viennent d’écoper de dix ans de prison ferme, dans une affaire de corruption qui secoue les arcanes du pouvoir et révèle les failles béantes d’un système électoral à bout de souffle.

Saïda Neghza, influente femme d’affaires et présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), l’ex-ministre Belkacem Sahli, et Abdelhakim Hamadi, patron d’un laboratoire de produits vétérinaires, ont été reconnus coupables d’avoir tenté d’acheter des parrainages d’élus en vue de se présenter à la présidentielle de septembre 2024. Le tribunal a également prononcé une amende d’un million de dinars à leur encontre. Ils ont dix jours pour interjeter appel mais, pour l’heure, ils restent libres.

Une affaire tentaculaire : 70 condamnations et des ramifications jusqu’au sommet du patronat

L’enquête, qui a mis au jour un système organisé de « corruption politique », a impliqué pas moins de 70 autres accusés – élus locaux, membres du patronat et proches des figures condamnées. Parmi eux, trois fils de Saïda Neghza ont été condamnés à des peines allant de cinq à huit ans de prison. Selon le parquet, une cinquantaine d’élus ont admis avoir perçu entre 20 000 et 30 000 dinars pour soutenir des dossiers de candidature. Dix intermédiaires chargés de collecter et de redistribuer ces sommes ont également été identifiés et poursuivis.

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Ce vaste réseau de corruption soulève des questions sur l’intégrité du processus électoral algérien. Pour se présenter, un candidat devait obtenir 600 signatures d’élus répartis dans au moins 29 wilayas (préfectures) ou recueillir 50 000 signatures d’électeurs, avec un seuil minimal par wilaya. Un dispositif censé garantir la légitimité démocratique, mais qui, dans la pratique, a ouvert la porte aux arrangements financiers.

Une élection verrouillée et des pratiques clientélistes enracinées

Les condamnés n’avaient finalement même pas franchi l’étape de validation des candidatures : la Cour constitutionnelle avait rejeté leurs dossiers, invoquant des irrégularités dans la collecte des parrainages. À l’issue du scrutin du 7 septembre 2024, sans véritable surprise, le président sortant Abdelmadjid Tebboune avait été reconduit pour un nouveau mandat, confirmant la mainmise du pouvoir en place sur la scène politique algérienne.

Cette affaire illustre une fois de plus l’opacité du système électoral en Algérie, où les réformes promises peinent à se concrétiser face aux pratiques clientélistes et aux réseaux d’influence enracinés. Pour de nombreux Algériens, ce dossier résonne comme un énième épisode d’un feuilleton politique où les enjeux de pouvoir se jouent loin des aspirations populaires à plus de transparence et de justice.

« Un jour, la vérité éclatera » : la colère des condamnés et le silence des institutions

Depuis l’étranger, Amokrane Azouza, l’un des fils de Saïda Neghza, condamné par contumace, a dénoncé sur les réseaux sociaux ce qu’il perçoit comme une injustice, relayant le message de son frère Bachir : « Un jour, la vérité éclatera, et chacun portera le poids de ses actes. » Mais au-delà de ces déclarations, c’est un silence pesant qui entoure l’affaire du côté des autorités.

En Algérie, où le poids des lobbies économiques et des réseaux politiques reste puissant, cette affaire marque-t-elle un tournant ou n’est-elle qu’un épisode de plus dans la lutte d’influence qui agite les sphères du pouvoir ? Pour l’heure, ce procès et ces condamnations illustrent l’ampleur d’un système où l’argent achète les ambitions, et où la démocratie, souvent invoquée, reste un horizon lointain.

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