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Agadir : coup d’envoi d’African Lion 2025

A Agadir, le Maroc a ouvert ce lundi la 21ᵉ édition de l’exercice militaire African Lion. Coorganisé par les Forces armées royales (FAR) et l’armée américaine, cet exercice interarmées d’envergure s’inscrit dans une dynamique régionale de plus en plus déterminante pour la sécurité du flanc sud de la Méditerranée et du Sahel. Jusqu’au 23 mai, les opérations se déploieront dans six zones stratégiques du territoire marocain : Agadir, Tan-Tan, Tiznit, Kénitra, Benguérir et Tifnit.

La cérémonie d’ouverture, tenue au quartier général de l’état-major de la Zone Sud, a réuni de hauts responsables militaires marocains, américains et partenaires internationaux. Elle a été conjointement présidée par le général de division Mohammed Benlouali, chef d’état-major de la Zone Sud, et le général de brigade Brian Cederman, commandant adjoint de SETAF-AFRICA (Southern European Task Force – Africa). Au-delà du cérémonial, cette scène témoigne d’une architecture de défense multilatérale en pleine consolidation sur le flanc atlantique africain.

Le scénario tactique présenté aux délégations donne le ton : African Lion 2025 n’est pas un simple entraînement militaire. C’est une démonstration de souveraineté stratégique, de projection de puissance, et d’alignement politique entre Rabat et Washington.

Dans son allocution, le général Benlouali a souligné la portée de cet exercice comme reflet de la « solidité du partenariat stratégique » entre les FAR et les forces américaines, insistant sur la progression continue des capacités opérationnelles marocaines grâce à cette coopération. « La 21ᵉ édition de l’exercice African Lion illustre l’esprit de coopération et l’unité de vision entre le Royaume du Maroc, les États-Unis d’Amérique et les pays amis », a-t-il déclaré. Ce n’est pas un simple rapprochement bilatéral, mais un socle de convergence sécuritaire entre alliés.

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Le général Cederman, de son côté, a salué un exercice « véritablement remarquable », emblème du renforcement de l’interopérabilité entre forces alliées. Selon lui, l’engagement du Maroc constitue un « pilier fondamental d’une vision commune de la stabilité et de la paix, tant régionale que mondiale ». En filigrane, une lecture claire : dans un contexte de reconfiguration géostratégique post-Afghanistan, le Maroc s’impose de plus en plus comme un partenaire sécuritaire central de l’Occident en Afrique.

African Lion 2025 s’inscrit dans une logique d’intégration opérationnelle. Il mobilise un spectre d’activités allant des entraînements tactiques à des simulations complexes de postes de commandement, en passant par des exercices de décontamination NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) et des formations spécialisées. Des opérations à vocation humanitaire et sociale viendront également étoffer cette édition, prolongeant ainsi l’empreinte civilo-militaire de l’exercice.

L’objectif n’est plus seulement l’entraînement mais l’édification d’un front stratégique multilatéral en Afrique du Nord et au Sahel. L’édition 2025 intègre également des contingents de forces partenaires d’Europe et d’Afrique, renforçant la vocation transcontinentale de l’opération. Dans un monde traversé par les recompositions sécuritaires, la mise en réseau des armées devient un levier d’influence.

Une architecture de sécurité régionale en gestation

Si African Lion reste un exercice militaire, il est aussi devenu un levier de diplomatie de défense. Dans le sillage des tensions au Sahel, de la recrudescence des menaces asymétriques et du reflux partiel des engagements occidentaux dans la région, cette coopération maroco-américaine s’affirme comme l’un des derniers bastions stables du dispositif sécuritaire atlantique en Afrique.

Le choix des zones d’entraînement — du littoral atlantique à l’intérieur désertique — est loin d’être anodin. Il dessine une géographie stratégique qui épouse à la fois les priorités de défense nationale marocaine et les intérêts sécuritaires de l’OTAN élargie.

Dans ce contexte, Rabat capitalise sur sa double posture : celle d’un allié fiable au Sud et celle d’un pivot africain dans la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale et les logiques d’instabilité régionale. Par l’ampleur de son déploiement, African Lion 2025 dépasse désormais le cadre d’un simple exercice. Il devient, année après année, un marqueur politique de la montée en puissance du Maroc sur l’échiquier militaire africain.

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