Afrique du Sud: un gouvernement d’unité nationale sera difficile à réaliser et à maintenir (politologue)

La décision du Congrès national africain (ANC) de former un gouvernement d’unité nationale, après le revers électoral historique subi lors des dernières élections législatives, est un objectif difficile à réaliser et à maintenir, a indiqué vendredi le politologue sud-africain, Roland Henwood.

Le parti de Nelson Mandela a perdu, pour la première fois depuis 30 ans, sa majorité à l’Assemblée nationale en n’obtenant que 40% des suffrages exprimés. Affaibli lors de ce scrutin très disputé, l’ANC est contraint de nouer des alliances avec d’autres partis politiques pour former un gouvernement de coalition.

«Il faut beaucoup de travail et de maturité politique pour établir un gouvernement d’unité nationale qui rassemblerait des partis aussi disparates que l’ANC, l’Alliance démocratique (DA), les Combattants pour la liberté économique (EFF), uMkhonto weSizwe (MK) et l’Inkata Freedom party (IFP)», a déclaré M. Henwood, professeur à l’Université de Pretoria.

Abordant la question d’une éventuelle coalition ANC-DA, le chercheur a souligné qu’elle présente également des défis dans la mesure où elle pourrait susciter les critiques de milieux hostiles aux politiques de droite, tels que le Black Business Council (BBC).

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De même, M. Henwood a relevé qu’une coalition entre l’ANC et le parti d’extrême gauche EFF ne répondra pas aux réalités économiques sud-africaines et sera perçue comme un signal négatif par le secteur privé et le monde des affaires.

«Il sera également très difficile de maintenir cette alliance à long terme, comme l’attestent les expériences des gouvernements de coalition qui ont déjà été formés aux niveaux provincial et locale», a-t-il poursuivi.

L’agence de notation Fitch Ratings a averti, dans sa dernière note de conjoncture, qu’une décision de l’ANC de former une coalition gouvernementale avec les partis radicaux en Afrique du Sud risque de mettre en péril la stabilité macroéconomique du pays.

Elle a également souligné que la prochaine configuration du gouvernement sud-africain, qui devrait émerger à l’issue des négociations politiques en cours, pourrait avoir des implications significatives sur le profil de crédit du pays.