Afrique du Sud : les prévisions de croissance de 1,9 % en 2025 sont surestimées

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L’Afrique du Sud devrait réaliser cette année une croissance économique modeste, inférieure au taux de 1,9 % prévu dans le budget 2025, ont indiqué lundi des analystes économiques.

Plusieurs experts économiques ont déjà modéré leurs attentes concernant les performances économiques de l’Afrique du Sud, arguant que les budgets fiscaux surestiment systématiquement la croissance économique et, entre autres, les recettes fiscales attendues.

Tatonga Rusike, économiste subsaharien à Bank of America (BofA), a souligné plusieurs risques à la baisse pour les perspectives du PIB du pays. Il a prévenu qu’une croissance économique plus lente que les projections du Trésor national pourrait entraîner un déficit de recettes de 1,6 milliard de dollars (30 milliards de rands), élargissant potentiellement le déficit budgétaire de 0,3 point de pourcentage du PIB.

«Cela repose sur l’hypothèse qu’aucune mesure n’est prise du côté des dépenses, mais l’exercice budgétaire n’en est qu’à ses débuts», note-t-il.

BofA a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Afrique du Sud, de 1,6 % à 1,4 %, invoquant la lenteur des réformes nationales et l’incertitude croissante à l’échelle mondiale dans un contexte de guerre commerciale imminente. La projection de 1,4 % est inférieure à celle de 1,9 % de la Banque de réserve sud-africaine, annoncée lors de la dernière réunion du Comité de politique monétaire en mars dernier.

En 2024, l’Afrique du Sud a enregistré une croissance économique modeste de 0,6 %, contre 0,7 % en 2023. Une croissance démographique de plus de 1 % par an signifie que le PIB par habitant est en baisse depuis près d’une décennie.

Les tensions au sein du gouvernement d’union nationale (GNU) aggravent encore le risque de baisse de la croissance du PIB et pourraient entraîner le départ de l’Alliance démocratique (DA), deuxième parti de la coalition gouvernementale. «L’instabilité politique actuelle a nui au sentiment du marché, ce qui n’est pas de bon augure pour les prix des actifs en Afrique du Sud», relèvent les économistes.

Maarten Ackerman, économiste en chef chez Citadel, a déclaré que si le gouvernement d’unité nationale devait «s’effondrer», les turbulences des classes d’actifs seraient encore plus grandes.

Les analystes économiques soulignent également que les perspectives économiques plus faibles en Afrique du Sud réduisent les perspectives d’une amélioration de la notation de crédit. Compte tenu des estimations de croissance plus faibles et des tensions croissantes au sein du gouvernement de coalition, les agences de notation comme S&P pourraient reconsidérer leurs perspectives positives actuelles sur le pays, relèvent-ils.

Et d’ajouter que les agences de notation attendent des chiffres précis avant de réagir et s’intéressent aux prévisions de recettes et à leur impact sur le déficit budgétaire.

Avec MAP