Afrique du Sud: Les citoyens inquiets du rythme de la lutte contre la corruption

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Plusieurs citoyens et organisations ont fait part de leurs inquiétudes quant au rythme de la lutte contre la corruption qui a pris, ces dernières années, des proportions alarmantes en Afrique du Sud, a indiqué lundi le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa.

Dans sa lettre hebdomadaire à la nation, Ramaphosa a déclaré que le moyen le plus efficace de lutter contre la criminalité liée à la corruption dans le pays et à la capture de l’État est de s’appuyer sur le Tribunal de l’Unité spéciale d’enquête (SIU), créé en 2019.

«Il ne fait aucun doute que le Tribunal spécial a changé la donne. Depuis sa création, Il a récupéré environ 8,6 milliards de Rands sur des contrats illégaux», a-t-il dit.

Tout en concédant qu’il y avait encore un long chemin à parcourir dans la lutte contre cette gangrène, le Président a indiqué que le Tribunal spécial «avait pris un bon départ», notant que «les actes de ceux qui ont volé l’État et pensent qu’ils vont s’en tirés les rattraperont».

«Il sera difficile de gagner la guerre contre la corruption et il faudra du temps pour démêler les vastes réseaux de clientélisme qui s’étaient enracinés», a-t-il soutenu, appelant le gouvernement à lutter contre la corruption dans le secteur privé avec la même vigueur, car, dit-il, «pour chaque employé du secteur public prêt à être soudoyé, il y a un homme d’affaires prêt à payer un pot-de-vin».

Le chef de l’Etat a, à ce propos, souligné que ces relations corrompues ont érodé la capacité de l’État à remplir son mandat. «Elles ont retardé les efforts de l’État pour fournir des soins de santé décents, fournir de l’eau potable et assurer un approvisionnement constant en électricité aux communautés et aux entreprises», explique-t-il.

Le Tribunal spécial a été mis en place pour accélérer le règlement des contentieux, une approche qui a permis de récupérer plus rapidement les fonds publics et les biens de l’État perdus à cause d’actes de corruption, évitant ainsi les retards dans les hautes cours.

Le Tribunal spécial peut demander des ordonnances de préservation et le gel des avoirs pour éviter de nouvelles pertes à l’État. Ceci est important si l’on considère que les auteurs suspects font souvent de grands efforts pour se déplacer, cacher ou disposer des produits de la corruption.

«Pour que toute lutte contre la corruption soit jugée efficace, il ne suffit pas que les auteurs soient poursuivis. Le produit de leurs crimes doit être récupéré, car cet argent appartient aux citoyens et doit être utilisé pour répondre à leurs besoins», a encore déclaré Ramaphosa.

La semaine dernière, le Tribunal spécial a ordonné à deux entreprises de construction de restituer les bénéfices qu’elles ont tirés des contrats de 40 millions de Rands pour ériger la clôture frontalière du pont de Beit. Cela fait suite à une enquête menée par le Tribunal qui a révélé un certain nombre d’irrégularités, y compris un prépaiement aux entreprises par le ministère des Travaux publics et de l’Infrastructure.

Au cours des dernières semaines seulement, le Tribunal a examiné et annulé plus de 100 millions de Rands de contrats irréguliers et illégaux découlant de marchés publics liés à la Covid-19. Il a également réussi à récupérer de l’argent auprès de cadres supérieurs d’entreprises publiques qui menaient des activités commerciales irrégulières.

Avec MAP