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Afrique du Sud : Le dialogue national révèle de profondes divisions

Le dialogue national auquel a appelé le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, révèle de profondes divisions entre les citoyens et les responsables de l’État et soulève des doutes quant à son impact, certains accusant le gouvernement dirigé par le Congrès National Africain (ANC) de museler les voix et d’utiliser la plateforme à des fins électorales.

La «Convention nationale», qui s’est tenue dans la capitale Pretoria durant le week-end, avait pour objectif de définir une vision nationale commune et de créer un espace de dialogue. Cependant, cet événement a révélé un net fossé entre les responsables gouvernementaux et les citoyens.

Bien que le dialogue ait été conçu pour favoriser la résolution collaborative des questions en suspens en Afrique du Sud, les discussions ont souvent été marquées par de vives émotions. L’attention s’est déplacée des objectifs vers les frustrations immédiates liées à la criminalité, à la corruption, aux inégalités en matière d’éducation et au sentiment d’un système judiciaire défaillant.

La tension a atteint son paroxysme lors de la séance plénière principale, en présence du chef de l’Etat. Des militants ont souligné que le taux d’homicides en Afrique du Sud «était 30 fois pire que celui de l’Ukraine, un pays en guerre». Les délégués ont ainsi exprimé des inquiétudes quant à la nécessité d’une justice à la fois réparatrice et rétributive, d’une meilleure protection des victimes et d’une plus grande responsabilité politique. Certains se sont dits déçus quant à l’ensemble du processus. «Cela ressemblait à un exercice de vérification. Ils disent vouloir écouter, mais ils savent déjà ce qu’ils veulent entendre», a lancé le délégué Felicity Poho.

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Officiellement une tribune permettant au public d’exprimer ses doléances, le dialogue a été marqué par des hauts et des bas, notamment le retrait, non sans surprise, de plusieurs partis politiques et surtout de l’Alliance démocratique (DA), qui a déclaré qu’il était «inutile de perdre son temps en discussions interminables avec l’ANC».

Ironique, étant donné que ce parti fait partie du Gouvernement d’unité nationale, mais aussi de nombreuses fondations, comme celles de Thabo Mbeki et de Desmond Tutu, qui ont déclaré conjointement : « Nous ne pouvons pas prêter notre nom à un rassemblement qui ne permet pas un véritable dialogue», invoquant le calendrier serré, la logistique et les interactions limitées.

Imtiaz Sooliman, fondateur de l’ONG Gift of the Givers et membre du groupe de personnalités éminentes, a reconnu l’intensité des émotions tout au long de la convention : «Personne n’a dit que ce serait facile. Les Sud-africains sont bouleversés depuis longtemps et il y a beaucoup de colère».

La convention a été présentée comme le début d’une réinitialisation nationale. La question se pose désormais de savoir si cette réinitialisation se concrétisera concrètement ou restera une initiative gouvernementale dépourvue de la confiance générale du public.

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