Alors que la campagne électorale pour les élections nationales et provinciales très attendues du 29 mai courant en Afrique du Sud touche à sa fin, le Congrès national africain (ANC) semble avoir tout fait pour renverser les sondages qui augurent de sa chute imminente, pour la première fois en 30 ans de pouvoir.
Face à un mécontentement grandissant nourri par un taux de chômage record (33%), une crise économique très aigue et des inégalités toujours plus criardes, l’ANC, au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, pourrait, selon les sondages, voir son nombre de voix passer sous la barre des 50 % et perdre pour la première fois sa majorité absolue au Parlement, ce qui l’obligerait à former une coalition au niveau national avec d’autres partis politiques pour pouvoir encore gouverner.
Les analystes politiques, le professeur Dirk Kotzé, de l’Université d’Afrique du Sud, et Dominic Maphaka, chercheur à l’Université du Nord-Ouest, affirment tous deux que les chiffres ne mentent pas après que plusieurs sondages d’opinion récents ont indiqué que le parti historique perdrait les élections du 29 mai.
«L’ANC ne sortira pas victorieux des élections de mercredi. La stratégie de campagne du parti repose en grande partie sur des réalisations passées, mais la réalité sur le terrain démontre qu’il ne parvient pas à pérenniser les acquis enregistrés lors des premiers jours de la démocratie», a déclaré Maphaka.
Il a souligné que les Sud-africains ont besoin d’emplois durables et de services de base, qui font cruellement défaut, arguant que «recenser les politiques de transformation et les programmes sociaux qui n’apportent pas de changements structurels à la majorité pauvre est une vieille stratégie qui ne peut pas sauver l’ANC lors de ces législatives».
Faisant allusion au message de campagne du Président Cyril Ramaphosa selon lequel l’ANC franchirait la barre des 51 %, Kotzé a indiqué qu’il était typique des politiciens de faire preuve de courage avant une élection difficile. «Ramaphosa ne peut pas admettre publiquement que son parti pourrait perdre, mais ce qu’il dit ne reflète pas nécessairement la réalité», relève l’analyste, ajoutant que les électeurs étaient susceptibles de s’en tenir à leurs choix et de ne pas se laisser influencer par la rhétorique électorale».
Notant que la campagne en cours ne changera pas les décisions des électeurs qui ont déjà décidé pour qui ils voteraient le jour du scrutin, Kotzé explique que l’émergence de partis alternatifs a donné de l’espoir aux jeunes qui les voient comme des agents potentiels du changement.
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«La majorité des jeunes souffraient d’apathie politique et ne voyaient pas la nécessité de participer aux élections précédentes. Ainsi, les jeunes, en tant que groupe qui déterminera les résultats de ces législatives, voteront pour que l’ANC soit renversé», a-t-il déclaré.
Cependant, l’analyste politique indépendant Khanyi Magubane pense que l’ANC s’en sortirait malgré tous les obstacles.
«Les sondages testent les opinions, mais ils ne testent pas les modèles de vote dans le monde réel. Au niveau national, je pense que l’ANC va tout simplement s’en sortir, mais pas avec une victoire convaincante», estime-t-il.
En Afrique du Sud, le système électoral est basé sur un système de représentation proportionnelle (RP) à liste fermée pour les élections nationales et provinciales . Cela signifie que les partis politiques sont représentés en proportion directe du nombre de voix qu’ils ont obtenues aux élections nationales.
Depuis que la Loi portant modification des élections est entrée en vigueur, les candidats indépendants ont été intégrés au système électoral.
Aux élections de cette année, les participants se battent pour des sièges au Parlement et dans les législatures provinciales.
L’Assemblée nationale compte 400 sièges répartis en 200 sièges nationaux, contestés uniquement par les partis politiques et 200 sièges régionaux, contestés par des partis et des candidats indépendants.