Des manifestations de masse ont eu lieu, ce lundi, dans toute l’Afrique du Sud, alors que les travailleurs s’unissent pour une journée nationale d’action menée par la puissante centrale syndicale «le Congrès des syndicats sud-africains» (Cosatu).
Le Cosatu, qui est la branche syndicale du Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir depuis 30 ans, a déclaré que ces marches de protestation, coïncidant avec la Journée mondiale du travail décent, sont une réponse à une crise économique et sociale croissante, au taux de chômage record qui a atteint 33%, à la pauvreté généralisée et aux inégalités croissantes.
Dans une déclaration à la presse, le Secrétaire provincial de la centrale syndicale à KwaZulu-Natal, Edwin Mkhize, a indiqué que les manifestations, organisées dans les principaux centres urbains des neuf provinces du pays, visent à mettre en lumière la grave crise du chômage des jeunes qui frappe le pays.
La Cosatu a appelé à un moratoire sur les licenciements, qualifiant d’«absurde» que les employeurs continuent de supprimer des emplois alors que le chômage officiel touche près de 12 millions de Sud-africains. «Face à la crise économique, les quelques travailleurs qui ont encore un emploi risquent désormais de le perdre eux aussi», a déploré M. Mkhize, appelant à la réforme du droit du travail pour qu’il soit plus difficile pour les employeurs de licencier des travailleurs.
D’autres préoccupations à l’origine de ces manifestations comprennent l’augmentation du coût de la vie, la corruption généralisée et la criminalité rampante. Cosatu a déclaré, à cet égard, que l’augmentation des prix des denrées alimentaires de base, aggravée par la hausse de 36 % en 2025 des tarifs de l’électricité, proposée par la compagnie Eskom, devrait mettre encore plus à rude épreuve les ménages déjà en difficulté.
En réaction à ce mot de grève nationale, les partis d’opposition et les organisations patronales ont critiqué la Fédération syndicale, remettant en question la légitimité de sa protestation contre un gouvernement dont elle fait partie.
Le directeur général du patronat sud-africain (Busa), Cas Coovadia, a déclaré qu’à un moment où l’économie est soumise à de fortes pressions, de telles manifestations ajouteront une tension supplémentaire et ne contribueront pas aux efforts visant à parvenir à une reprise économique durable.
«Ces mesures entravent également nos efforts collectifs pour faire croître l’économie à un rythme qui permette de lutter contre le chômage, les inégalités et la pauvreté», a-t-il dit.
Les partis d’opposition, notamment uMkhonto weSizwe dirigé par l’ex-président Jacob Zuma et le Mouvement de transformation africaine (ATM) ont exprimé leur inquiétude face au mot de grève du Cosatu. Ils estiment que les manifestations semblent moins être le fruit d’une réelle préoccupation pour la classe ouvrière que d’une posture politique.
«Le soutien continu de la Cosatu aux mesures gouvernementales contredit ses déclarations selon lesquelles elle lutte pour des pratiques de travail équitables et de meilleures conditions de travail», notent-ils. Ces partis expliquent que de nombreuses décisions du gouvernement, que la centrale syndicale a soutenues, ont eu des conséquences néfastes sur la main-d’œuvre qu’elle prétend protéger.