Afrique du Sud : chute de 50% de la contribution de l’industrie manufacturière au PIB

La contribution de l’industrie manufacturière au produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique du Sud a diminué de moitié, passant d’un pic de 25 % dans les années 1980 à moins de 13 % actuellement, révèle un nouveau rapport du département du Commerce, publié vendredi.

«L’histoire de la désindustrialisation de l’Afrique du Sud au cours des 50 dernières années est alarmante et l’inverser devrait être une priorité pour le gouvernement et les législateurs», souligne le rapport du Centre pour le développement relevant du même département.

L’emploi dans le secteur manufacturier, précise-t-on, est également en baisse, passant de 1,8 million en 2007 à moins de 1,6 million en 2023. D’autres secteurs ont du mal à être compétitifs au niveau international, en raison des coûts inévitables liés à la conduite des affaires en Afrique du Sud, tels que l’augmentation rapide des coûts de l’énergie et les problèmes de la logistique.

Les responsables politiques de l’Afrique du Sud semblent coincés dans une mentalité protectionniste datant de l’époque de l’apartheid, les industries privilégiées, telles que la construction automobile, étant bien protégées par des barrières tarifaires.

Cela explique en grande partie la morosité de l’économie sud-africaine au cours de la dernière décennie, la moyenne du taux de croissance ne dépassant pas 1%.

«Les pays qui sont bons dans le secteur manufacturier ont tendance à croître plus rapidement et sur des périodes plus longues que les pays qui ne le sont pas», indique le rapport, précisant que seuls 20 % des fabricants sud-africains exportent, et parmi eux, plus de la moitié exportent moins de 5 % de leur production.

Cela s’explique par le faible taux d’entrée sur le marché exportateur et par la baisse du taux de survie des entreprises, note-il, arguant qu’en 2015, quelque 42.000 entreprises exportaient des produits manufacturés, alors qu’en 2022, ce chiffre était inférieur à 36.000.

Un autre facteur est la dépendance de l’industrie manufacturière à l’égard du secteur minier, qui est lui-même en déclin depuis les années 1980. La qualité des infrastructures de l’Afrique du Sud est un autre enjeu majeur pour l’industrie manufacturière, souligne la même source, relevant que la compagnie publique d’électricité «Eskom» est incapable de répondre à la demande énergétique, tandis que la diminution de la capacité ferroviaire de la compagnie «Transnet» aurait coûté à l’économie près de 8 milliards de dollars (150 milliards de rands) par an.

Cette situation a poussé le fret vers les routes et a augmenté les coûts logistiques dans l’ensemble de l’économie.

Des économistes expliquent que la chute de l’industrie manufacturière est due en grande partie à des choix politiques qui n’étaient pas fondés sur la maximisation de la croissance des exportations, mais sur la substitution des importations par la production locale, une approche qui a conduit l’Afrique du Sud sur une voie de plus en plus protectionniste.

L’un des objectifs principaux des planificateurs économiques de l’apartheid était de protéger le pays contre les sanctions internationales, rappellent-ils.