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Africamed Business Forum : Casablanca devient l’épicentre des ambitions économiques africaines

Sous le thème « Bâtir des ponts pour une prospérité partagée », l’Africamed Business Forum s’est ouvert ce 19 juin à Casablanca, réunissant des dirigeants de haut niveau, des financiers et des décideurs venus de tout le continent africain. Durant deux jours, l’événement vise à accélérer le développement durable en Afrique à travers des partenariats stratégiques, des investissements dans les infrastructures et une intégration économique inclusive, avec un accent particulier sur l’Initiative Atlantique Royale.

Casablanca accueille, ce jeudi, l’Africamed Business Forum, placé sous le thème « Bâtir des ponts pour une prospérité partagée ». Initié en partenariat officiel avec la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA) et l’Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD (AUDA-NEPAD), cet événement ambitionne de renforcer l’intégration économique durable du continent à travers la mobilisation d’investissements, la promotion des partenariats public-privé et la mise en réseau des acteurs économiques africains.

Lors de cette deuxième édition du Forum, la fondatrice de l’événement et CEO de Kardev, Loubna Karroum, a insisté sur le rôle central que joue désormais l’Afrique dans la dynamique économique mondiale. Selon elle, l’Afrique n’est plus celle de demain mais bel et bien celle d’aujourd’hui, capable de transformer les rencontres en projets concrets et les défis en solutions innovantes. Elle a aussi rappelé que le continent a besoin d’une industrie réelle, soutenue par des investissements à fort impact, et que seule une mobilisation massive et pérenne des capitaux permettra de garantir un développement endogène. Les échanges qui rythment cette édition 2025 s’inscrivent dans cette logique, avec l’ambition de créer des opportunités concrètes et de voir émerger de nouveaux partenariats économiques.

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L’édition actuelle du forum s’articule autour de six axes considérés comme structurants pour l’avenir du continent : la révolution des chaînes de valeur, la mobilisation du capital privé, les partenariats public-privé, la souveraineté économique, la transition énergétique et le sport comme levier de développement. C’est également dans ce contexte qu’a été annoncé le lancement du Club Africamed, présenté comme une structure permanente de coopération entre les participants. Ce réseau aura pour mission de prolonger les échanges au-delà des sessions annuelles du forum, en offrant un cadre de travail et d’influence sur les tendances économiques africaines et méditerranéennes. Il agira comme un observatoire, un facilitateur d’accords et un incubateur d’initiatives à fort potentiel de transformation.

Présent au Forum Africamed 2025, Ali Adji Mahamat Seid, président de la Pan African Chamber of Commerce and Industry (PACCI), a salué un thème en parfaite cohérence avec les priorités stratégiques de l’organisation panafricaine. Selon lui, la rencontre s’inscrit pleinement dans la dynamique de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont l’objectif fondamental est de favoriser les échanges intra-africains avant de s’ouvrir aux autres marchés. Il a souligné l’importance de mobiliser les énergies à l’échelle du continent, structurer le secteur privé africain et renforcer les filières économiques, afin de bâtir un socle solide pour un développement endogène.

Intervenant également lors du premier panel consacré à la chaîne de valeur, le président du PACCI a insisté sur la nécessité de poser des fondations solides avant toute ambition continentale. Pour lui, cela implique de créer les infrastructures adéquates, de mettre en place les réglementations nécessaires et d’instaurer un environnement favorable permettant aux Africains d’évaluer leur potentiel réel, qu’il s’agisse de matières premières, de compétences ou de capacités d’investissement. Il a rappelé que tous les participants sont unanimes sur un point : le continent regorge de ressources qu’il convient désormais d’exploiter de manière efficace, dans l’intérêt des peuples africains mais aussi du monde entier.

De son coté, Prince Mustapha Audu, PDG de la société nigériane Electric Motor Vehicle Company (EMVC), a souligné le rôle stratégique que l’Afrique peut jouer dans la transition énergétique mondiale. « Notre continent fournit plus de 75 % des minéraux critiques nécessaires, comme le cobalt, le lithium ou encore le cuivre », a-t-il rappelé, avant d’appeler à une meilleure intégration des chaînes de valeur à l’échelle continentale.

Selon lui, les entreprises africaines doivent aujourd’hui assumer toute la chaîne de production, de la fabrication des véhicules électriques aux infrastructures de recharge, en passant par la logistique, la production d’énergie et la formation des compétences nécessaires. Il a salué l’exemple du Maroc dans l’industrie automobile, tout en appelant à une véritable mutualisation des moyens pour industrialiser localement les ressources.

Le patron d’EMVC a également plaidé pour la mise en place de zones économiques spéciales et de véritables partenariats public-privé afin de transformer les ressources brutes en produits finis sur le continent. « Aujourd’hui, on extrait les matières premières ici, on les envoie en Chine pour les transformer, puis on les réimporte. Cela doit changer », a-t-il insisté.

Il a mis en garde contre les discours sans effets concrets : « On parle souvent d’investir en Afrique, mais peu de financements se matérialisent. » Pour lui, la solution passe par l’investissement local, la coopération régionale, et la montée en compétences. Selon lui, il faut penser à l’échelle continentale, développer pour le marché africain avant même de penser à exporter.

Il a enfin rappelé l’urgence de décarboner le secteur des transports, responsable de plus de 40 % des émissions sur le continent : « L’e-mobilité est la clé, mais il faut cesser les rhétoriques et agir ensemble pour bâtir un écosystème africain de la mobilité propre. »

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