Le Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD) se réunit, jeudi à Abidjan, pour élire un nouveau président à la tête de l’institution, après dix années de présidence de Akinwumi Adesina.
Il s’agit d’un scrutin stratégique pour l’avenir économique du continent, dans un contexte marqué par des défis croissants et une compétition internationale féroce, qui définira l’orientation de la Banque pour les années à venir.
En lice pour ces élections, qui se tiennent en marge de l’édition 2025 des Assemblées annuelles de la BAD, Amadou Hott (Sénégal), Bajabulile Swazi Tshabalala (Afrique du Sud), Sidi Ould Tah (Mauritanie), Samuel Munzele Maimbo (Zambie) et Abbas Mahamat Tolli (Tchad).
Cette élection, qui se déroule à huis clos, verra les gouverneurs, généralement ministres des Finances ou de l’Économie des pays membres, voter à la majorité qualifiée. Le poids politique des grandes puissances africaines, mais aussi celui des actionnaires non régionaux comme les États-Unis, la Chine ou les pays européens, jouera un rôle déterminant.
Le futur président héritera d’un agenda lourd, au moment où le continent africain fait face à des tensions géopolitiques, une dette publique qui atteint des niveaux critiques dans plusieurs pays, sans oublier l’urgence climatique qui nécessite des investissements massifs dans les énergies renouvelables et les infrastructures résilientes.
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L’autre grand défi est celui de la mobilisation des financements. La BAD est attendue pour jouer un rôle moteur dans la structuration de partenariats public-privé, la mobilisation des financements climat et la transformation des économies africaines pour les rendre plus autonomes et résilientes.
Enfin, la gouvernance interne et la transparence de la Banque restent des sujets sensibles, notamment vis-à-vis de ses partenaires internationaux. Le prochain président devra faire preuve d’un leadership à la fois diplomatique, technique et politique.
Alors que l’Afrique tente de redéfinir sa place dans le système financier international, cette élection prend une portée symbolique. Elle est l’occasion pour le continent de faire entendre sa voix, d’affirmer ses priorités et de montrer sa capacité à se gouverner selon des standards de transparence, d’efficacité et de vision stratégique.
Le nom du nouveau président de la BAD devrait être annoncé dans les prochaines heures. Mais déjà, au sein des couloirs du siège à Abidjan, les tractations vont bon train. Une chose est sûre : cette élection déterminera en grande partie la trajectoire économique du continent pour les prochaines années.